Drame à Relizane : encore un suicide au sein de la police

Les habitants de la ville de Relizane sont sous le choc. Un policier travaillant à la sûreté de wilaya s’est suicidé en se tirant une balle dans la tête en pleine rue, a-t-on appris de sources locales. Les raisons de cet acte macabre et spectaculaire demeurent, pour le moment, inconnues. Ce policier âgé d’une quarantaine d’années ne souffrait pas d’antécédents psychiatriques ou de problèmes particuliers visibles, ont affirmé nos sources. Mais on ne peut arriver au suicide sur un coup de tête. C’est la conséquence d’un cumul de problèmes qui peuvent être de nature différente à la fois professionnels et familiaux. Ce drame a jeté l’émoi au sein de la population, partagée entre incompréhension et compassion. La brutalité avec laquelle cet agent de l’ordre engagé pour veiller à la sécurité des citoyens a mis fin à sa vie a marqué les esprits et la nouvelle a provoqué une onde de choc au sein de ce corps de sécurité à travers le pays. Ce n’est pas la première fois qu’un policier se donne la mort en Algérie. Bien qu’aucune statistique officielle n’existe sur ce sujet qui reste tabou au sein des services de sécurité, les drames qui se produisent sur le terrain et qui sont médiatisés renseignent sur la grand malaise qui ronge le corps de la police. Ce malaise, lié aux conditions de travail et familiales des policiers, a été étalé sur la scène publique. On se souvient de la «mini-insurrection» des agents des unités républicaines de sécurité (URS), en charge du maintien de l’ordre public, l’année dernière, dans le sillage des troubles qu’a connue la vallée du M’zab. Par milliers, ils sont sortis dans la rue pour exiger l’amélioration de leurs conditions de travail, eux qui sont constamment en «confrontation» avec des populations en colère. Ils se sont rassemblés devant la présidence de la République. Leur mouvement a sonné le tocsin. On s’attendait donc à une véritable prise de conscience quant au manque de prise en charge et du suivi des effectifs grandissants de la police et de la gendarmerie. Mais le phénomène des suicides continue. Comme d’ailleurs les bavures et les prises de bec, parfois mortelles entre policiers. Ce drame intervient deux jours après un drame provoqué par un gendarme qui souffrait apparemment d’un choc émotionnel. Ce gendarme qui a servi au sein des troupes d’élite de ce corps de sécurité a été neutralisé dans un barrage de sécurité à Bouira, après qu’il a tué une femme à Boumerdès. Une enquête est ouverte pour comprendre ce qui a conduit ce gendarme à tuer. Des crimes commis par des policiers ou des gendarmes, il y en a partout au monde. Les suicides aussi. C’est pour cette raison que les effectifs, engagés dans ces corps de sécurité sont constamment suivis par des psychologues pour leur éviter qu’ils sombrent dans des situations inextricables et provoquer des drames au lieu de les éviter. Chez nous, cette prise en charge est-elle bien assurée ? La question mérite d’être posée, car, il y va de la sécurité des citoyens.
Rafik Meddour