Jack Lang : «Aucun pays arabe ne paye ses cotisations à l’Institut du monde arabe»
Dans un entretien au magazine français Paris Match, le président de l’Institut du monde arabe (IMA) a révélé qu’aucun pays arabe ne payait ses cotisations à cette institution culturelle basée à Paris : «Il y a très longtemps, le président de l’IMA, voyant que personne ne s’acquittait régulièrement de son dû, a dit stop. Il a demandé aux contributeurs de verser leurs arriérés à un fonds de dotation. Aujourd’hui, ça n’est pas l’essentiel des ressources», a affirmé Jack Lang. L’ancien ministre socialiste de la Culture affirme rechercher d’autres rentrées d’argent, en mettant en place des projets propres : «C’est projet par projet que je me bats pour trouver les ressources», a expliqué Jack Lang, qui a lancé trois expositions pour ce faire, parrainées par la compagnie française des chemins de fer, SNCF, le roi d’Arabie Saoudite et le roi du Maroc. Grâce à ces trois financements, affirme-t-il, «l’IMA a des finances à l’équilibre pour la première fois depuis 15 ans». Le président de l’IMA affirme ne pas avoir cherché à faire s’acquitter les pays arabes de leurs cotisations, puisque, dit-il, il a trouvé des financements ailleurs. Jack Lang, qui insiste sur l’indépendance de l’Institut du monde arabe se contredit, ainsi, en louant les rois de deux pays qui l’ont soutenu dans sa quête d’argent. D’où cette propension de l’IMA à privilégier l’actualité culturelle et littéraire marocaine et saoudienne au détriment des autres pays. Jack Lang a-t-il transformé l’Institut du monde arabe en une sorte de centre culturel payant où seuls ceux qui payent ont droit de cité ? «Ici (à l’IMA, ndlr), il faut d’abord compter sur soi-même, sur son énergie propre», a insisté Jack Lang qui dit «se bagarrer à chaque étape» pour aboutir au succès qui en «appellera d’autres». A une question sur le mouvement terroriste Daech, Jack Lang prend la défense des régimes qatari et saoudien et impute la responsabilité de ce qu’il se passe en Syrie et dans le reste du monde arabe aux présidents américain George W. Bush et syrien Bachar Al-Assad. Pour lui, le Qatar et l’Arabie Saoudite sont «sont tout aussi menacés» «Le Qatar, explique l’ancien ministre sous François Mitterrand, a des sympathies pour les Frères musulmans (…). Quant à l’Arabie Saoudite, elle appartient à l’histoire du wahhabisme, et veut aussi faire reculer Daech», a-t-il souligné, avant d’accuser Bush et Al-Assad qui sont, selon lui, «les premiers responsables de tout cela». Pour Jack Lang, Bush est un «va-t-en-guerre» et Al-Assad «a mené une guerre contre son peuple». Le président de l’UMA ira même jusqu’à considérer que le président Bush, qui «a déclenché une guerre unilatérale, illégitime et illégale» contre l’Irak «devrait être jugé devant la Cour pénale internationale, avec son complice Tony Blair qui a trahi son propre parti et qui aujourd'hui s'adonne à un affairisme éhonté en utilisant son carnet d'adresses de Premier ministre pour s'enrichir». «Je trouve invraisemblable qu’avec ce passif, Blair soit l’actuel envoyé spécial du Quartet pour le Moyen-Orient», s’est indigné le successeur de Renaud Muselier à la tête de l’Institut du monde arabe.
Sarah L.