La réouverture des frontières avec la Libye a été retardée pour des «raisons sécuritaires»
La fermeture des frontières algériennes avec la Libye est maintenue. Les autorités algériennes allaient les rouvrir mercredi dernier pour désenclaver la partie sud-est de la Libye, notamment la ville de Ghat dont la population souffre de manque de nourriture, d’eau et de médicaments, rapporte aujourd’hui jeudi l’agence d’informations turque Anatolie en citant un responsable local. Mais pour des raisons strictement sécuritaires, sa réouverture a été repoussée à une date ultérieure, indique cette agence d’information en se référant aux propos du président du Conseil communal de Ghat, Mohamed Salah Koumani. La sécurisation des routes et des points d’accès ainsi que le contrôle du mouvement des populations nécessite de nouvelles mesures et dispositifs sécuritaires. La réouverture de cette bande frontalière, fermée depuis 28 mois, n’a pas été annoncée officiellement en Algérie. C’est un membre du Conseil communal de Ghat, Ahmed Mahmed Haima, qui a fait état, mardi dernier, de la décision des autorités algériennes de rouvrir les frontières pour des raisons humanitaires. «Si l’Algérie veut rouvrir la frontière entre les deux pays, c’est pour venir en aide aux populations qui sont isolées dans cette partie désertique de la Libye, coupées du reste de la Libye à cause de conflits armés entre milices», explique ce membre du conseil du Ghat selon lequel les autorités algériennes veulent permettre l’alimentation de cette ville libyenne en produits alimentaires et de première nécessité. La poursuite des combats entre des tribus touarègues et toubous, population noire estimée à au moins 800 000 personnes en Libye, rend la situation sécuritaire plus complexe dans la région. Une quarantaine de personnes ont été tuées en l’espace d’une semaine lors des affrontements opposant ces tribus rivales dans le Sud-Est libyen. Ce qui complique davantage la tâche des services de sécurité algériens, ce sont les combats qui se déroulaient à Oubari, près de la bande frontalière. Les chefs des tribus touarègues et toubous se sont rencontrés à maintes reprises pour une cessation des combats, mais la trêve ne durait que quelques jours. Ces deux tribus ont commencé à s’entretuer en février dernier. Il y aurait eu des centaines de morts depuis. Les Touareg ont accusé les Toubous de les avoir attaqués avec l’aide de mercenaires tchadiens, réclamant ainsi l’intervention des Nations unies dans la région pour éviter un génocide. L’Algérie partage avec la Libye une frontière de près de 1 000 km. Depuis le renversement du régime de Mouammar El-Kadhafi et l’infestation du territoire libyen par des groupes terroristes, les hautes autorités algériennes ont déployé de gros moyens pour «blinder» la frontière avec ce pays plongé dans le chaos.
Rafik Meddour