Ban Ki-moon avoue à demi-mot qu’il désavoue l’intervention militaire saoudienne au Yémen
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, dénonce à demi-mot l'intervention de l'Arabie Saoudite au Yémen. «Il ne peut y avoir de solution militaire au Yémen», a-t-il asséné au cours d’une rencontre mardi dernier avec le président américain, Barack Obama. Pour lui, la solution doit être trouvée par la seule voie politique, à travers le dialogue. Il s’est déclaré très préoccupé par la situation humanitaire dans ce pays, où, a-t-il ajouté, plus de 21 millions de personnes ont besoin d'une aide urgente. Ce n’est pas cette voie de la paix que compte prendre l'Arabie Saoudite qui maintient les frappes aériennes et continue, selon les agences de presse, d’acheminer au Yémen du matériel militaire et des troupes. Les dirigeants saoudiens sont encouragés par les «victoires» obtenues sur le terrain par la coalition, avec la participation de soldats d'Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis, et de combattants yéménites entraînés en Arabie Saoudite. Tout laisse penser que le conflit risque de durer des mois encore. La participation de l’armée égyptienne à la coalition militaire sous l'égide de l'Arabie Saoudite a été prolongée de six mois. Le nombre de victimes civiles ne cesse d’augmenter selon le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH), il approche des 2 000 morts et dépasse les 4 000 blessés depuis le 26 mars dernier, début de l’intervention armée de l’Arabie Saoudite. Les victimes civiles sont dues aux attaques lancées par la coalition arabe dans des zones résidentielles et contre des infrastructures civiles, y compris des mosquées, des hôpitaux et des écoles. Lors d'un point de presse à Genève, la porte-parole du HCDH a appelé à «faire systématiquement la distinction entre les cibles civiles et militaires, à respecter le principe de proportionnalité lors de la conduite des opérations militaires et à prendre toutes les précautions possibles pour éviter et minimiser l'impact de la violence sur les civils». L’Arabie Saoudite enlisée dans la guerre au Yémen est confrontée en même temps au terrorisme qu’elle a longtemps nourri à travers un soutien idéologique, financier et même par la fourniture d’armes aux groupes qui opèrent, par exemple, en Syrie actuellement. Un attentat-suicide a frappé hier jeudi une mosquée à Abha, dans le sud du pays, tuant 15 personnes dont dix policiers saoudiens et faisant plusieurs blessés. Cet attentat a été revendiqué par la branche saoudienne de Daech «Province d'Al-Hijaz». Daech a donc frappé après l’annonce, il y a quelques semaines, par le ministère saoudien de l'Intérieur du démantèlement d'une de ses organisations et l'arrestation de 431 de ses membres, en majorité des Saoudiens. Le ministre avait révélé que les services de renseignement avaient réussi à déjouer quatre attentats contre des mosquées pendant le Ramadhan. Cela indique que le royaume risque, à son tour, de connaître, malheureusement pour le peuple saoudien, la tourmente par laquelle sont passés ou que subissent encore d’autres pays arabes.
Houari Achouri