Sarkozy lave plus blanc
Par M. Aït Amara – La seule relation qui peut exister entre Nicolas Sarkozy et les valeurs – actuelles ou anciennes –, c’est le nom du magazine auquel il vient d’accorder une interview estivale qui aura, au moins, aidé les journalistes à se mettre quelque chose sous la dent en ces temps de disette – grandes vacances obligent. L’ancien président français qui lorgne à nouveau sur l’Elysée s’inscrit dans le prolongement de sa politique raciste «modérée» – pour reprendre un qualificatif cher à celui qui voulait imposer les islamistes en Libye –, en voulant puiser dans l’électorat de Marine Le Pen, mais sans avoir le courage de le dire ouvertement, usant de métaphores, d’allégories, d’hyperboles, de prétéritions et toutes ces figures de style qui mettent à nu la dangereuse hypocrisie de ce grimacier à qui, en l’écoutant parler, on donnerait le bon Dieu sans confession. Sarkozy enfile ses chaussures à crampons et réinvestit le terrain de la chasse au Noir et à l’Arabe, dans un match où il est le petit poucet face au Front national. Pour paraître grand devant les électeurs de l’extrême droite, le futur candidat à la succession de Hollande sait qu’il doit rappeler son attachement à la pureté du Français, en énumérant encore et encore ses exploits en matière d’expulsions, de contrôle de l’accès à la nationalité française, de blocage de l’élargissement de la zone Schengen et de la refonte «totale» de son fonctionnement. Et pour prouver qu’il lave plus blanc que sa future sérieuse rivale à la prochaine présidentielle, Sarkozy égrène ses statistiques de la délinquance «en baisse continue» sous son mandat. Il ne s’étonne pas, d’ailleurs, que ces chiffres remontent depuis trois ans. Pour résumer, Hollande réalise un score inférieur au sien et lui peut faire mieux que Le Pen. Le candidat effervescent ne cache pas son intention de surfer sur «l’insatisfaction des Français» qui «guidera» tout ce qu’il proposera «dans les mois qui viennent». S’il paraît extrêmement confiant en sa réélection, c’est parce qu’il est conscient que «la société française a beaucoup évolué» et qu’«il y a davantage de lucidité». A cette France, il promet le meilleur et à ses bicots et ses bamboulas le pire. Et, parce qu’il ne pourra ni battre le Front national sur son terrain ni enchérir sur la gracieuseté du Parti socialiste envers les moins nantis majoritaires, Sarkozy fait campagne pour l’un et l’autre parti.
M. A.-A.
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