Le pétrole restera sous la barre des 60 dollars jusqu’à 2017
Sombres perspectives pour l’économie algérienne qui dépend des hydrocarbures. Les prix du pétrole, qui poursuivent leur chute en dessous de la barre symbolique de 50 dollars, vont rester très bas au moins jusqu’à 2017. Selon une étude réalisée par Qatar National Bank (QNB) en collaboration avec l’agence américaine de l’économie Bloomberg, la conjoncture actuelle, à la fois sur le plan géopolitique et économique, est défavorable à une hausse des prix de l’or noir qui sont déjà à 48 dollars, leur plus bas niveau depuis la crise la crise financière internationale de l’automne 2008.
55 dollars en 2016
L’effondrement du marché pétrolier mondial est dû essentiellement à deux facteurs : l’abondance de ce produit et la baisse de la confiance en les perspectives de croissance de l’économie chinoise qui traverse une période de stagnation. Le prix du baril du pétrole tournera en moyenne autour de 55 dollars, et ce, jusqu’à fin 2016. A partir de 2017, le pétrole va connaître une légère hausse pour atteindre en moyenne annuelle les 60 dollars. Cette augmentation progressive va se poursuivre au-delà de 2017, relève cette étude, qui fait état d’un marché pétrolier très volatil. Ainsi, au début de l’année en cours, les prix ont connu une légère hausse avant qu’ils chutent brutalement au début août, et ce, malgré la baisse des réserves pétrolières américaines. Cette chute s’explique par les perspectives d’arrivée en grande quantité du pétrole iranien sur le marché mondial après la levée de l’embargo, qui s’ajoutent à la stagnation de la croissance économie mondiale. Le FMI a d’ailleurs revu à la baisse de 0,2% les prévisions de croissance mondiale pour 2015 qu’il a fixée à 3,3% en juillet dernier.
Surplus de production
L’accord sur le nucléaire iranien conclu en juillet avec ce qu’il implique comme levée des sanctions internationales va faire grimper davantage l’offre pétrolière mondiale déjà surabondante. La production de l'Arabie Saoudite est montée à 10,3 millions de barils/jour (b/j) en juillet, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). La production est également en hausse dans d'autres pays de l'Opep, en particulier l’Irak avec 4,1 millions de barils par jour en juin dernier, ce qui représente une hausse fulgurante de 3,3 millions depuis 2014. La production totale de l'Opep était 31,7millions de barils/j en juillet dernier. Le maintien de l’offre par l'Opep après sa réunion en juin dernier, sous l’insistance de l’Arabie Saoudite, a accéléré l’effondrement des prix. Aux Etats-Unis, où l'on craignait pour les producteurs du pétrole de schiste au coût élevé, on a plutôt bien résisté à cette conjoncture baissière du prix de l’or noir. Le dernier rapport de l'AIE fait état d’un surplus de production de l’ordre de 1,9 million de barils/j en 2015. Toujours selon les projections de l'AIE, l’offre pétrolière sera excédentaire en 2016 d'environ 1,1 million de barils/j. La reprise des cours de pétrole en 2017 sera aussi le résultat d’un désinvestissement en cours dans le domaine en raison de la baisse vertigineuse des prix. Les grandes compagnies pétrolières ont déjà sensiblement réduit leurs investissements dans les nouveaux projets. Cela ralentira ainsi le rythme de la production et diminuera l’offre mondiale dans deux ans. Ces prévisions n’arrangeront nullement les affaires de l’Algérie qui dépend entièrement de ses exportations en hydrocarbures. Cette conjoncture va-t-elle pousser nos gouvernants à effectuer de véritables réformes économiques d’urgence ? Le pays va-t-il s’ouvrir davantage à l’investissement dans l’outil de production en freinant les importations qui ont atteint les 60 milliards de dollars ? Le temps nous le dira.
Rafik Meddour