La mafia pour sauver l’Etat
Par Kamel Moulfi – Pour avoir des dinars, le gouvernement s’est mis à supplier les détenteurs de «chkara», convertis en «détenteurs de capitaux», comme les appelle maintenant le ministre des Finances. Dans quelques jours, le 15 août, les banques vont s’ouvrir à leur argent, qui a la particularité d’avoir été «gagné» dans l’illégalité. Faute de pouvoir faire disparaître de l’espace commercial la sphère informelle, les pouvoirs publics espèrent, au moins, profiter de leurs dinars amassés par centaines de milliards et qui circulent à l’écart des circuits bancaires, de sachets noirs en en sachets noirs. Cette mesure, apparentée à une amnistie fiscale et qui donne une honorabilité à des délinquants, ouvre, en fait, plus grande, la voie pour les marchés à ciel ouvert créés par les vendeurs de rues qui proposent un large éventail de produits, de l’alimentation aux vêtements en passant par toutes sortes de bricoles utiles, sur les trottoirs et places où ils accueillent une clientèle attirée par les prix pratiqués en dehors de toute réglementation. Pour ne pas s’en tenir uniquement à cette «innovation», le ministre des Finances a rajouté une année-horizon, 2018, pour faire entrer notre pays dans l’ère de l’économie diversifiée, allez savoir pourquoi, c’est cette année et pas une autre, qu’il a choisie. D’ici là, qu’est-ce qui est proposé ? Personne n’en sait quelque chose. La situation du marché international du pétrole est toujours défavorable à l’économie algérienne et, de l’avis du ministre algérien de l’Energie, lui-même, elle le restera encore pour longtemps, tant que l’offre sera excédentaire par rapport à la demande et c’est la perspective prévisible qui domine pour le moment. Parallèlement à la chute des recettes extérieures tirées de la vente des hydrocarbures, seul produit exportable qui compte, les dépenses d’importations des céréales, produit phare dans l’autre sens, sont en hausse. Elles ont augmenté en valeur et en quantité au cours du 1er semestre 2015. Cette tendance n’est pas nouvelle, elle se confirme, puisqu’en 2014, la facture des céréales était, déjà, plus élevée par rapport à 2013. Bizarre : l’Algérie a moins d’argent et elle dépense plus.
K. M.
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