Madani Mezrag réunit ses anciens lieutenants du groupe terroriste AIS à Mostaganem
L’ancien chef sanguinaire de l’Armée islamique du salut (AIS), Madani Mezrag, fait encore parler de lui. Non qu’il ait tenu de nouveaux propos provocateurs sur un plateau de télévision, mais parce qu’il a organisé pendant une semaine, «un camp d’été régional» dans une forêt à Mostaganem, au nom de l’AIS, qui n’a aucune existence officielle. Ce regroupement régional a eu lieu sans aucune autorisation des autorités, a-t-on appris d’une source locale. Ce chef terroriste, qui tente d’entrer par la force dans l’arène politique, n’est pas à sa première forfaiture. L’année dernière aussi, il avait tenu un regroupant de ses anciens acolytes dans les montagnes de Jijel, sans qu’il soit inquiété. Madani Mezrag, promu au rang de «personnalité nationale» par le directeur de cabinet de la Présidence, est-il autorisé à faire de la politique ? Depuis la promulgation de la Charte sur la réconciliation nationale, Madani Mezrag n’a eu de cesse de faire valoir son droit à l’action politique conformément à l’accord passé entre l’ANP et l’AIS. Jamais cet ancien chef terroriste n’a été rappelé à l’ordre. Comment les anciens de l’AIS ont-ils pu organiser un rassemblement alors qu’ils font partie d’une organisation dissoute, au moment où des représentants de formations politiques dûment agréées et agissant dans le cadre de la loi ne sont pas autorisées à se réunir ? Pis encore, en décembre 2014, au cours d’un débat télévisé, Madani Mezrag avait mis en avant un texte réglementaire qui accorderait aux anciens du FIS l’exercice de leurs droits civiques et politiques, un décret qui serait illégal, selon le principe de la hiérarchie des normes, puisqu’en contradiction avec l’article 26 de la loi sur la réconciliation nationale qui leur interdit la pratique politique. Pourquoi donc Madani Mezrag continue-t-il à activer politiquement ? Tout le monde se rappelle sa fameuse sortie médiatique sur le plateau de la chaîne satellitaire saoudienne Al-Arabiya, durant laquelle il reconnaissait avoir tué de ses propres mains sans éprouver le moindre regret. «Ils nous ont confisqué nos droits et nous étions dans une situation de légitime défense», avait-il argué. Pour lui, ceux qui ont été assassinés par ses hommes méritaient bien la mort. «Nous avons tué ceux qui voulaient nous tuer. Nous avons pris les armes pour défendre la voix du peuple et son choix politique», avait-il affirmé sur cette chaîne de télévision. Madani Mezrag affiche clairement ses ambitions politiques et considère que la crise qui secoue le pays ne trouvera pas de solution sans la réouverture du champ politique aux fondateurs du FIS dissous. Exprime-t-il un vœu ou fait-il état d’un deal avec les autorités politiques du pays ? «Nul ne peut empêcher un courant aussi puissant de reprendre l’activité politique qu’il a exercée dans le cadre de la loi et de la Constitution», avait-il martelé. Pour lui, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui exclut dans son article 26 le retour à l’exercice politique de tous ceux qui étaient impliqués dans le terrorisme durant les années 90 serait appelée à être réformée. Est-ce prévu dans la future Constitution ?
Rafik Meddour