Les pique-niqueurs
Par M. Aït Amara – Pas de panique ! La rencontre de Madani Mezrag avec ses lieutenants à Mostaganem n’était pas une assemblée d’anciens terroristes devenus «personnalités nationales» ; c’était juste un pique-nique autour d’un bon repas partagé dans une ambiance décontractée. Les pique-niqueurs n’ont pas abordé des questions politiques ; uniquement des sujets estivaux, sous la température du feu de la Géhenne susceptible de faire fondre tout ce qu'on y jette, mais atténuée par la fraîche paix de la végétation dans ce petit coin de paradis choisi par les anciens de l’AIS pour y prendre un bol d’air. Sans plus. Pas de panique ! Madani Mezrag et ses compagnons ne se sont pas rencontrés pour une mission de repérage au milieu des bois, dans la perspective d’un possible retour à l’action armée. Ces amants de la nature ont juste décidé de passer d’agréables moments à la forêt pour admirer la flore et la faune. Le terrorisme, c’est du passé. Aujourd’hui, Madani Mezrag s’est assagi et a pris des galons. Des buissons recouverts de feuillages denses et touffus à partir desquels il planifiait les embuscades et dirigeait les accrochages, cet ancien chef terroriste a désormais pignon sur rue à El-Mouradia où il dispense ses conseils illuminés pour l’élaboration de la nouvelle mouture de la Loi fondamentale qui devra guider le pays vers des lendemains enchanteurs, grâce à la clairvoyance de ses promoteurs, dont cet homme «intelligencé» fait partie. Ainsi va la politique : les terroristes d’hier se réunissent en conclave en retournant à leur milieu naturel, le maquis, histoire de contribuer à éclairer le meilleur chemin à suivre pour revenir au Moyen-âge ; les barons du marché noir sont appelés à la rescousse pour palier l’érosion des recettes pétrolières en blanchissant leur argent sale avec la bénédiction d’un pouvoir banqueroutier qui les invite ainsi à le fructifier ; les requins de la corruption coulent des jours heureux sous d’autres cieux après avoir planté les dents pointues de leurs mâchoires dans la chair des Algériens et ingéré leurs deniers. Entre ces trois sacripants, que reste-t-il aux honnêtes citoyens – ceux qui n’ont jamais tué, trafiqué ou volé ? Les tambours de Saïdani et les blagues de Sellal.
M. A.-A.
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