En vacances depuis le mois de juin à Paris : Amar Saïdani laisse le FLN sans voix
L’ex-parti unique est totalement effacé de la scène politique nationale, riche en événements, débats, polémiques et bouleversements. Depuis plus de deux mois, le parti du Front de libération nationale, que dirige le sulfureux Amar Saïdani, n’a assuré aucune activité. Il n’a ni tenu de conférences de presse, ni organisé des réunions organiques ou partisanes, ni même produit de communiqués pour commenter une actualité politique pourtant très chargée. Cette formation politique est restée inactive et silencieuse sur tout ce qui se passe dans le pays et dans la région, après un matraquage médiatique de plusieurs mois d’Amar Saïdani qui réclame presque le statut d’«artisan» du quatrième mandat, se permettant tous les écarts de langage à l’endroit de l’opposition comme de certaines formations du pouvoir. Ni l’attentat terroriste qui a fait 14 morts parmi les éléments de l’ANP à Aïn Defla ni les propos provocateurs de Nicolas Sarkozy à l’égard de l’Algérie n’ont fait réagir ce parti qui revendique haut et fort la place de la première force politique dans le pays. Après le 10e congrès tenu sous haute tension en mai, le secrétaire général du FLN s’est offert de longues vacances qu’aucun autre chef de parti politique ne s’est permis de prendre dans le contexte politique actuel, tendu et incertain. Amoureux des loisirs et de la douce oisiveté, le patron du FLN, qui a marqué la scène politique par ses sorties belliqueuses, tonitruantes et surtout étonnantes, plonge dans une longue sieste dont le réveil risque d’être difficile. Ce long sommeil a été enclenché après le réveil du parti rival, le RND, qui joue un rôle actif depuis le retour d’Ahmed Ouyahia au poste de secrétaire général du parti. Les cadres dirigeants actuels du FLN ne semblent pas s’inquiéter d’être surclassés sur le terrain politique par les autres formations plus présentes et plus actives, eux qui sont habitués à la manipulation de l’urne. Une telle longue absence politique d’un parti qui prétend jouer les premiers rôles aurait été plus que fatale sous d’autres cieux, en France par exemple, où le secrétaire général du FLN possède des propriétés immobilières dans des quartiers huppés. Non habitué à l’activité intense, Amar Saïdani, issu du milieu syndical public, de l’époque du parti unique, a déjà annoncé la couleur en amendant les statuts du FLN et rendant la réunion du comité central une fois par an, au lieu de deux fois. Cela a été vu par ses adversaires, mais aussi par les observateurs de la scène politique nationale comme le signe d’un manque d’engagement politique. Car le comité central est l’instance suprême du parti où sont débattus tous les sujets liés à l’actualité et la situation politique, économique et sociale du pays, mais aussi la situation régionale et internationale. La gestion autoritaire du SG du FLN rend toute initiative des cadres du parti quasi impossible. Amar Saïdani est-il là uniquement pour neutraliser le FLN et l’empêcher d’être un véritable acteur politique au profit de ses mentors ? Le FLN est-il toujours un parti politique ou un simple appareil qui mène des «campagnes politiques occasionnelles» au profit de ceux qui lui permettent encore d’exister ? L’avenir nous le dira.
Rafik Meddour