Ordures : une affaire d’Etat
Par Kamel Moulfi – Les Algériens vont finir par s’accommoder de la saleté ambiante et oublier ce qu’est la propreté des rues et places d’une ville. Ils se résignent à cette situation alors qu’il n’y a rien de plus désagréable qu’un environnement infect. Les trottoirs sont recouverts d’une crasse repoussante, les rigoles encombrées de tas de gobelets en plastique ou de petits emballages divers que les passants jettent sans se soucier de la salubrité des lieux qu’ils fréquentent pourtant. Des endroits en plein centre, à peine à l’abri du regard, sont utilisés comme urinoirs faute de toilettes publiques. Les camions bruyants, et eux-mêmes sales, chargés du ramassage des ordures passent et repassent dans certains quartiers comme pour se faire voir. Manque de civisme des citoyens et incurie des autorités locales se conjuguent pour perpétuer cette situation dramatique qui s’est installée durablement depuis quelques années. Les velléités des responsables à tous les niveaux, exprimées dans des discours creux, n’ont rien changé à la réalité. Les annonces de «nettoyer les villes» ont été lancées sans effet alors que les ordures occupent jusqu’aux petits espaces verts. Le slogan de «campagne de propreté» a été tellement galvaudé que les gens n’y croient plus et, d’ailleurs, aucun responsable n’ose continuer à en parler. Il y a eu un appel sur les réseaux sociaux pour une opération de nettoyage, soldée par un fiasco, tant personne n'a répondu à l'appel, non pas par fainéantise ou par insouciance, mais parce que les Algériens savent que cela ne servirait à rien et que le problème est ailleurs : l'hygiène et la propreté d'une ville ne sont pas une question de volontariat, mais une affaire d'Etat. On nous dit que des enveloppes de centaines de millions de dinars sont consacrées à rendre propres les agglomérations, comment se fait-il alors qu’elles ressemblent de plus en plus à des dépotoirs à ciel ouvert où les déchets sont jetés n’importe où et à tout moment de la journée. C’est un vrai plan qu’il faut pour avoir des villes propres. Et c’est l’obligation des autorités.
K. M.
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