Cafouillage médiatique autour des prérogatives d’Ahmed Ouyahia à la présidence de la République
La plupart des médias se sont fourvoyés dans leur reprise de l’information relative à la publication dans le Journal officiel des «nouvelles» prérogatives du directeur de cabinet de la présidence de la République. Ces médias – hormis le quotidien arabophone El-Khabar –, ont cru déceler un renforcement des attributions d’Ahmed Ouyahia à qui auraient été rattachées «quatre nouvelles directions», toutes techniques du reste, alors que le Président lui a, en fait, retiré une des cinq qui étaient rattachées au directeur de cabinet depuis 2001. La Direction de la sécurité et de la protection présidentielle (DSPP) passe, en effet, sous la coupe du commandant de la Garde républicaine et ne dépend plus ni du DRS (sur le plan opérationnel) ni du directeur de cabinet (sur le plan administratif). L’empressement des médias à se faire l’écho des changements opérés par la présidence de la République, notamment en ce qui concerne les services de sécurité, habitués au secret et à la réserve, donne lieu à des erreurs de ce genre, outre les conjectures souvent farfelues, faute de communication et de transparence en haut lieu. Une opacité qui renforce la méfiance des citoyens envers la classe dirigeante et discrédite les médias qui multiplient les bourdes par précipitation ou – pour certains – à dessein, dans le but d’envenimer une situation déjà complexe, voire critique. La nouvelle répartition des rôles, dans le cadre de changements qui pourraient paraître brusques, mais qui semblent, a contrario, réfléchis et concertés, pèche par l’absence de clarifications et d’explications à l’endroit de l’opinion publique qui se retrouve ainsi envahie par l’incompréhension quant à la cohérence au sein du pouvoir, et prise dans la spirale du doute et le piège de la rumeur avec toutes les conséquences néfastes que cela induit. La façon dont les décisions de la Présidence sont distillées, soit en se référant à un média «privé» proche du pouvoir, soit en se contentant du très protocolaire Journal officiel, retardant ainsi l’annonce de plusieurs semaines, soit en laissant les citoyens spéculer sur des bribes d’informations qui leur parviennent de sources diverses – ragots de café, réseaux sociaux, médias étrangers manipulateurs, médias locaux populistes, etc. – entretient un climat de suspicion et de crainte, dans un contexte marqué par une baisse drastique des prix du pétrole, seule source de revenus du pays, une situation sécuritaire en nette dégradation, un environnement géopolitique hostile, une scène politique amorphe et un pouvoir absent. Devant toutes ces menaces sérieuses et autrement plus graves, vouloir à tout prix anatomiser les missions attribuées à un haut fonctionnaire de la Présidence, c’est vraiment chercher midi à quatorze heures !
M. Aït Amara