L’Egypte cherche le soutien de l’Algérie pour mener des raids contre les groupes terroristes en Libye
Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a évoqué, ce dimanche, avec son homologue égyptien les derniers développements en Libye, à la veille d’une réunion extraordinaire des Etats de la Ligue arabe qui vont étudier une demande du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale de prendre des mesures en Libye contre le groupe terroriste dit Etat Islamique ou Daech. Selon l’agence allemande DPA qui rapporte l’information, le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères a affirmé que l’échange a porté sur la situation régionale et, notamment, l’évolution de la crise libyenne «à la lumière des attentats commis ces derniers jours par l’organisation terroriste Daech dans la ville de Syrte». Si le chef de la diplomatie égyptienne a réitéré l’attachement de son gouvernement aux résolutions de l’ONU sur la crise libyenne et à la poursuite des efforts déployés pour aboutir à la formation d’un gouvernement d’union nationale, il n’en a pas moins mis l’accent sur l’impératif de la lutte contre le terrorisme dans ce pays. Traduction : l’Egypte ne s’opposerait pas à une action coordonnée et cautionnée par la Ligue arabe. Elle a déjà mené avec les Emirats arabes unis, ces deux dernières années, un nombre limité de frappes aériennes en Libye contre des positions de groupes islamistes armés. Soupçonné d’appuyer les opérations militaires conduites par le général Khalifa Haftar à l’est de la Libye contre les milices islamistes, Le Caire s’est toujours officiellement défendu de toute ingérence directe dans la crise qui secoue son voisin. Mais, dans ses discours, le président Abdelfattah Al-Sissi a évoqué à plusieurs reprises la menace que constituerait pour la sécurité et la stabilité de l’Egypte un regroupement d’islamistes près de la frontière égypto-libyenne. Pour avoir cette caution des Etats de la Ligue arabe, l’Egypte et ses alliés (l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis) ont besoin du soutien de l’Algérie, d’abord pour sa position géopolitique, et puis pour son rôle de parrain officiel du processus de dialogue interlibyen qui risque d’être freiné par de nouvelles ingérences militaires étrangères. Car rien ne garantit que des attaques visant la neutralisation des groupes affiliés à Daech puissent restaurer la stabilité dans un pays miné par des divisions claniques, idéologiques et tribales inextricables. Hostile à toute immixtion dans les affaires des autres pays, l’Algérie est néanmoins fortement sollicitée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Une position qui tranche avec l’opportunisme de certains pays à la tête de la Ligue arabe. Dans une requête officielle formulée samedi à la Ligue arabe, le gouvernement installé à Al-Bayda, dans l'est de la Libye, a «exhorté» publiquement les «pays arabes frères» à «lancer des frappes aériennes ciblées» contre les positions du groupe dit Etat Islamique à Syrte. Dans son communiqué, le gouvernement libyen s'est dit «incapable de faire face à l’Etat Islamique en raison de l'embargo sur les armes imposé à l'armée» par l'ONU depuis 2011. Il y a peu de chances que l’Algérie réponde aux sollicitations libyennes et adhère à la vision égyptienne du règlement de la crise en Libye.
R. Mahmoudi