Qui va décider ?
Par R. Mahmoudi – Défis face à l’offensive des forces conservatrices sur la question linguistique et face aux exhibitions islamistes de plus en plus osées, publication imminente de la mouture finale des amendements constitutionnels qui appelle une campagne d’explication, le gouvernement technocratique actuel a montré ses limites et son incompétence. Il n’a, à vrai dire, ni la légitimité – puisqu’il n’est issu d’aucune majorité – ni l’étoffe d’un Exécutif de combat qui peut affronter les enjeux, de plus en plus complexes, qui se posent au pays. Continuer à gérer les situations à coups d’arrêtés, de directives ou de menaces verbales – le cas de ces walis insolents – ne peut assurer une stabilité à long terme. Au contraire, cela risque d’alourdir le climat et de provoquer de nouvelles fractures sociales dont le pays n’est pas en mesure, aujourd’hui, de supporter les retombées. La gestion bureaucratique des crises sociales ou politiques peut apporter des remèdes immédiats, des sortes de palliatifs conjoncturels, comme c’est le cas de la crise à Ghardaïa, mais ne garantit pas des solutions définitives, parce que ceux qui sont chargés de les mettre en application n’ont aucune idée du dialogue et n’ont jamais à l’esprit le souci d’expliquer leur démarche ou de la partager avec les acteurs concernés. L’échec du gouvernement Sellal était, en ce sens, prévisible. Il est clair que ce qu’il fallait pour cette conjoncture sensible, c’était un gouvernement politique. Mais évidemment pas n’importe lequel et pas n’importe comment. Car on imagine mal que le FLN d’un Amar Saïdani ou d’un Abdelkader Djemaï puisse redresser la situation dans le sens souhaité. Au contraire, l’Algérie risque, avec eux, de retomber dans des crises inextricables, alors que le FLN ne constitue plus, depuis longtemps déjà, ce bouclier idéologique contre l’adversité, contre l’intégrisme. Une nouvelle coalition plus équilibrée et plus engagée peut aider à sortir l’Exécutif de ce bourbier. Mais qui va décider ?
R. M.
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