Sellal lâche ses ministres
Par R. Mahmoudi – Abdelmalek Sellal a-t-il ou non apporté son soutien à la ministre de l’Education sur la question – qui fait rage – de l’introduction de l’arabe dialectal dans l’enseignement ? Les journaux sont tellement divisés sur la question qu’on a l’impression d’avoir à faire à deux déclarations différentes. En appelant, de Constantine, à éviter «l’amalgame» entre des propositions faites par une commission pédagogique – donc même pas par la ministre – et les décisions de l’Etat, mais sans clarifier sa propre position, le Premier ministre n’a fait, en réalité, qu’ajouter à la confusion ambiante et envenimer davantage le débat déjà dévoyé par les attaques perfides des milieux conservateurs et islamistes contre Nouria Benghebrit. Des deux choses l’une : soit Sellal fait exprès d’entretenir le suspense sur le choix du gouvernement par rapport à cette problématique qui est éminemment politique et qui exige un engagement et une conviction, dans le dessein de continuer à focaliser l’opinion sur cette polémique et à la détourner, ainsi, des choses plus urgentes et autrement plus difficiles à assurer, à l’orée d’une rentrée sociale qui s’annonce très lourde pour les ménages ; soit il manque tout simplement de courage intellectuel et politique pour afficher sa solidarité avec un membre de son gouvernement jeté à la vindicte par tous les rentiers idéologiques et les médias proches de ce même gouvernement, au risque de se voir lui-même éclaboussé. Au final, dans tous les combats d’idée auxquels nous avons assisté depuis sa désignation à la tête de l’Exécutif, en 2012, Abdelmalek Sellal n’a jamais pris aucun risque. Au contraire, il n’hésite pas à désavouer ses propres ministres – le cas d’Amara Benyounès sur l’affaire des autorisations de la vente des boissons alcoolisées – dès lors que ceux-là sont en butte à des résistances d’ordre idéologique. C’est bien aussi le cas, aujourd’hui, de la ministre de l’Education nationale.
R. M.
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