Vers la création de milices armées d’extrême droite en France pour «contrer les islamistes» ?

Le groupe d’extrême droite français Génération identitaire annonce dans un communiqué ventilé à travers les réseaux sociaux et envoyé à plusieurs médias, dont des journaux algériens, son intention de se préparer à «affronter les menaces qui pèsent sur [notre] antique civilisation», en appelant les «jeunes identitaires» à «rester le poste avancé, la première ligne de l’Europe en lutte pour sa survie et sa renaissance». Ce groupe parle d’une préparation et d’une formation «tout autant physiques qu’intellectuelles et morales» pour affronter «les attaques islamistes qui n’en finissent plus de rythmer l’actualité» et «les déferlements de clandestins sur les côtes européennes» qui «donnent une tonalité toute particulière à cette promotion 2015». Par «promotion», les rédacteurs du communiqué entendent le regroupement de 140 jeunes dans le cadre de «l’Université d’été identitaire». Le communiqué annonce également que ce groupe dépasse désormais les frontières françaises, puisque de nombreux jeunes issus d’autres pays européens ont pris part à ce rassemblement dont les promoteurs veulent faire une «école des cadres de la reconquête», face au «chaos engendré par les fantasmes multiculturels». Le nombre de ces groupuscules qui veulent répondre aux actes terroristes par l’action directe risque de se multiplier, encouragés par un discours officiel maladroit, qui confond entre la guerre contre le terrorisme extrémiste et la confrontation entre les civilisations. Déjà victimes du fanatisme islamiste, les musulmans se trouvent ainsi prix entre deux feux : celui du terrorisme qui les cible partout dans le monde arabo-musulman et celui des fanatiques en Occident qui font l’amalgame entre le culte musulman et l’extrémisme salafiste et wahhabite, matrice du terrorisme islamiste. Cette exacerbation du racisme et de l’islamophobie est la conséquence des mauvaises politiques étrangères des capitales occidentales qui ont longtemps fermé les yeux sur la propagation d’un islam dévoyé sur leur sol, diffusé par des extrémistes réfugiés en Occident qui, profitant de lois permissives et parfois d’une tolérance intéressée des dirigeants de ces pays qui cherchaient à déstabiliser des régimes de pays arabes et musulmans, avaient toute la liberté de faire du prosélytisme et de recruter des adeptes, aujourd’hui transformés en djihadistes et en bombes humaines. L’Occident devra, dans les années à venir, faire face à deux extrémismes au lieu d’un et aura à contrer une double violence qui viendra à la fois de terroristes islamistes de mieux en mieux formés et armés et de groupes d’extrême droite, à l’image de Génération identitaire et la Ligue de défense juive, prêts à passer à l’action eux aussi pour affronter Daech et Al-Qaïda. Le langage utilisé par ces groupes montre qu’ils veulent incarner une sorte de résistance à un ennemi extérieur face auquel les responsables politiques européens feraient montre d’impuissance ou de laxisme.
Karim Bouali