Des sermons mort-nés
Par R. Mahmoudi – Faut-il fermer toutes les maternités publiques et réorienter toutes les femmes sur le point d’accoucher, ou du moins celles qui en ont les moyens, vers les cliniques privées ? A suivre l’actualité affreuse de ces établissements, on est en droit de penser qu’on s’achemine sérieusement vers cela. Après le scandale du CHU de Constantine qui a fait révulser tous les Algériens, un cas de décès d’une femme sur le point d’accoucher vient de survenir à Oued El-Athmania, dans la même wilaya. Plus récemment encore, un homme qui accompagnait sa femme enceinte a été sauvagement agressé par des agents de sécurité dans un hôpital de Bouira, après avoir cherché à comprendre pourquoi on refusait l’accès à la patiente. Dans un témoignage vidéo diffusé sur les réseaux sociaux, cet homme parle d’un «abattoir» où l'on envoie les gens pour mourir ou se faire tabasser. Dans une autre ville de l’Est algérien, deux médecins se sont carrément approprié une maternité publique pour en faire une clinique privée. Les exemples qui attestent d’une dérive dangereuse dans ce secteur donnent le vertige. Au point que l’opinion commence à se demander s’il n’y a pas des mains «invisibles» derrière cette explosion soudaine de scandales fortement médiatisés, y compris par la télévision nationale qui a habitué son public à des reportages plutôt lénifiants, même sur les sujets les plus brûlants. Une médiatisation qui profiterait à quelque lobby de sangsues qui voudrait accélérer le processus de privatisation du secteur. Si leur objectif était de faire admettre aux Algériens qu’il n’y a plus aucune possibilité de redressement de la situation dans les hôpitaux algériens aujourd’hui, eh bien, c’est réussi ! Car ni les professions de foi du ministre ni ses sermons ridicules devant les caméras de télévision n’ont plus aucun impact sur le cours des événements.
R. M.
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