Mezrag président ?
Par M. Aït Amara – La venue au monde d’un nouveau parti au milieu des bois est une belle feinte de corps, car pouvant faire croire à la naissance d’un mouvement militant pour la protection de la nature souillée par l’Homme. Or, c’est d’un tout autre accouchement qu’il s’agit. Selon Echorouk,l’ancien fondateur de l’Armée islamique du salut (AIS), le groupe terroriste appendice du FIS dissous, a fait suivre son conclave tenu dans une touffe d’arbustes et d’arbrisseaux sauvages à Motaganem, par la (pro)création d’une (mal)formation politique baptisée «Front de l’Algérie pour la réconciliation et le salut» (FARS). En choisissant ce nom à cette créature ressuscitée, Madani Mezrag joue imperceptiblement sur les mots et use d’une subtilité linguistique et d’une habileté politique qu’on eût du mal à lui prêter, lui le simple terroriste. Dans cette farce masculinisée, il a extrait deux mots empruntés à l’ancien parti dont il fut le bras armé, «front» et «salut», et retiré l’entre-deux, «islamique». En lieu et place, il a intercalé «Algérie» et «réconciliation». Le «Front du salut» est donc toujours là, mais vidé de sa substance religieuse au profit d’une nouvelle identité qui se veut éminemment politique et foncièrement pacifique. Madani Mezrag, qui reprend ainsi le maquis à mains nues, après s’être rendu, mais sans regretter le moins du monde les crimes qu’il a commis au nom de l’islam, s’en vantant impudemment sur les plateaux de télévision et dans les colonnes des journaux, devra maintenant passer à l’étape suivante de son plan qui, au rythme où vont les choses, le conduira vers une candidature à la prochaine élection présidentielle. Il va remonter le fleuve rouge d’écume sanglante, en ramant à contre-courant de son ancien cheminement fait de violence et d’agitation. Admis au sérail en tant que personnalité politique habilitée à donner son avis sur la Constitution en gestation, en complète violation de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, ce repenti élevé au rang d’interlocuteur institutionnel prépare son retour et celui de ses acolytes sous le costume du démophile, enterrant son passé génocidaire et effaçant les traces de ses horreurs. C’est, pour lui, le moment ou jamais de s’introduire dans le champ politique par la grande porte laissée ouverte par le pouvoir en place qui, de toute façon, n’en détient plus la clé, offrant, ainsi, aux résidus de l’AIS l’occasion de rééditer le scénario de 1990 avec une approche inattendue, autrement plus rusée et, donc, plus dangereuse.
M. A.-A.
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