L’«afghan» algérien Abdallah Anas à la chaîne du FIS Al-Magharibia : «Ben Laden est mon modèle»
L’Algérien Abdallah Anas est un ancien chef islamiste qui s’est distingué dans l’action politique violente, il est présenté aussi comme un «vétéran d’Afghanistan». Doit-on être surpris en apprenant qu’il s’est récemment lancé dans une série d’interventions sur la chaîne de télévision dont il est le directeur général, Al-Magharibia, qui diffuse à partir de la capitale britannique, Londres, et que l’on peut considérer comme une sorte d’organe central de l’ex-FIS ? Ceux qui le connaissent bien ne sont pas étonnés par l’initiative qu’il a prise d’évoquer son parcours dans le «djihad» en Afghanistan et à travers le monde. Il va plus loin que raconter ses souvenirs de guerre ; en fait, le contenu de son discours est foncièrement une propagande pour le djihadisme puisqu’il consiste à embellir l’image de l’ex-chef d’Al-Qaïda, Oussama Bin Laden, en le présentant comme un homme juste, «authentique», et en le parant des qualités de stratège et de pilier du mouvement djihadiste à l’échelle planétaire. Il n’hésite pas à affirmer que le fondateur d’Al-Qaïda est son modèle dans l’action djihadiste. En osant s’afficher ainsi, par cette sortie publique, en ce moment précis, sur un média appartenant aux islamistes et servant leur propagande, Abdallah Anas que certains ont voulu, de façon complaisante, voire complice, décrire comme un islamiste modéré, montre son vrai visage, celui d’un activiste solidement attaché à la ligne pure et dure de l’islamisme radical, une idéologie qui pousse à l’action violente, seul choix, selon ses adeptes, pour permettre aux islamistes d’accéder au pouvoir. Le long exil d’Abdallah Anas ne l’a pas débarrassé de ce penchant à la violence. Sa sortie sur sa chaîne de télévision a de quoi surprendre ceux qui pensaient qu’il aurait changé et qu’il aurait pu éviter de faire de telles interventions dans le contexte actuel dominé dans le monde entier par la mobilisation pour faire face à la menace que fait planer Daech sur la sécurité au niveau international. On sait que les services de renseignement britanniques surveillent les faits et gestes de cet individu dont l’itinéraire est connu depuis longtemps et en particulier durant la décennie de terrorisme en Algérie. Doit-on rappeler qu’il figure en tête d’une liste de profils des plus dangereux stratèges du djihadisme, et des partisans de l’action politique violente, en raison bien évidemment du rôle clef qu’il a joué lors de la décennie noire en Algérie, période pendant laquelle il a été particulièrement actif, entretenant, avec ses complices, des cellules dont la mission première était de promouvoir les actions des groupes armés, notamment l’AIS et le GIA pour ne citer que ceux-là, faisant l’apologie du terrorisme, et, bien évidemment, en contribuant à la mise en place de réseaux de collecte de fonds pour ces groupes armés qui ont semé la terreur dans les années 90 en Algérie et qui ont assassiné des Algériens comme lui. Mais fallait-il attendre de cet islamiste qu’il vienne sur sa chaîne de télévision présenter ses excuses et demander pardon au peuple algérien pour les deuils et les souffrances qu’il lui a causés et au pays tout entier pour les dommages inestimables qu’il a contribué à lui faire subir ?
De Londres, S. L.-S.
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