Le réveil des démons
Par Kamel Moulfi – C’est un fait évident : le renouveau social tente d'imposer sa présence dans notre pays, quoiqu’encore assez timidement – mais c’est un début – dans la rue, et même, cet été, sur certaines plages, malgré la persistance de la pression intégriste servie par une propagande insidieuse qui a aujourd’hui la partie facile. Cette propagande prend appui sur les retards énormes enregistrés dans la société et qui ont créé un lourd handicap difficile à surmonter. Les décennies de terreur ont, en effet, momentanément bloqué le processus de progrès qui se déroulait dans notre société après l’indépendance, inscrit dans la perspective de la construction d’une Algérie libre et démocratique. La terreur intégriste a produit, au contraire, un phénomène de régression que chacun constate aisément dans la vie quotidienne et dans tous les domaines. De toute évidence, ce climat sert les intégristes qui tirent également profit de l’immense vide qu’ils rencontrent dans le paysage politique et que ne réussissent malheureusement pas à combler les initiatives courageuses de militants associatifs lancés dans le combat pour la modernité, en rangs dispersés. Dans ce contexte, les inconséquences du pouvoir sont criantes. D’un côté, il montre son intention de réaliser une opération de «déradicalisation» parmi la jeunesse et reçoit pour cela les félicitations des partenaires internationaux de l’Algérie dans la lutte antiterroriste, et, en même temps, fait preuve d’un laxisme dangereux en laissant faire, par exemple, un Madani Mezrag dans son projet de création d’un parti politique, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un fait isolé ou d’une initiative limitée à un individu. Une Algérienne vivant à Londres nous a fait parvenir une information (voir article) qui prouve que tout cela participe d’une démarche de «reconquête» confortée par un décor de fond rempli de crimes abominables commis par Daech, Al-Qaïda, Al-Nusra et autres groupes aux différents sigles opérant dans de nombreux pays arabes et particulièrement en Syrie, en Irak, en Libye, au Yémen, en Tunisie, en Egypte.
K. M.
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