Les bonnes paroles
Par Kamel Moulfi – Les compliments pleuvent sur l’Algérie. Après le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui a écrit à notre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, pour lui dire que les Etats-Unis apprécient les efforts déployés par l'Algérie pour promouvoir la paix et la stabilité en Afrique du Nord et au Sahel, c’est Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française, qui l’imite, pour saluer, dans un discours prononcé à l’occasion de la clôture de la semaine des ambassadeurs, à Paris, le rôle de notre pays dans les pourparlers intermaliens. Le ministre français va même plus loin dans l’éloge puisqu’il évoque «l'appui talentueux de la médiation algérienne, à l'accord de juin 2015». Mais, entretemps, John Kerry avait rajouté une louche, dans la lettre adressée à Abdelkader Messahel, remplie de bons mots sur «le rôle constructif et bénéfique» de l’Algérie dans la lutte mondiale contre le terrorisme. Le problème est que ces paroles ne sont jamais suivies des gestes conformes à la bonne impression qu’elles produisent chez les Algériens. Le «concret» va au Maroc. On apprend, en effet (voir article d’Algeriepatriotique), la livraison par les Etats-Unis de 200 chars de type Abrams «de dernière génération» à l’armée marocaine, d’ici la fin de l’année 2016 qui assurera au Maroc, selon certains, «une supériorité dissuasive incontestée à l’échelle du continent africain». C’est la même chose pour la France, qui, depuis près de 40 ans, soutient le royaume marocain dans l’affaire du Sahara Occidental, contre la position algérienne qui appelle à la décolonisation de ce territoire sous occupation marocaine. Par contre, pour les «bonnes affaires», la France se tourne vers l’Algérie. C’est ce qui pousse Jean-Louis Bianco, représentant spécial pour les relations franco-algériennes, à venir dans quelques jours à Alger. Les projets français dans notre pays marchent bien et sont même appelés à se développer, comme tout le monde, chez nous, l’a bien compris au moment de la visite de quelques heures, le 15 juin à Alger, du président François Hollande. C’est pourquoi les informations sur les bonnes paroles que nous adressent les dirigeants américains et français sont toujours accueillies ici par la plus grande méfiance.
K. M.
Comment (29)
Les commentaires sont fermés.