Mohamed Nebbou à l’université d’été du FFS : «Le pouvoir est en panne d’un projet d’avenir»
Le premier secrétaire du FFS, Mohamed Nebbou, a brossé un tableau noir de la situation générale du pays dans un discours prononcé à l’ouverture, ce mercredi, de l’université d’été de son parti, à Souk El-Thenine, Béjaïa. Retrouvant le ton critique qui a valu au FFS le qualificatif du plus vieux parti de l’opposition, Mohamed Nebbou estime que le pays ne surmontera pas la crise avec les méthodes du pouvoir actuel. «Les solutions à la crise actuelle exigent une cohésion sociale forte fondée sur un consensus sur les grandes options nationales ; ceci implique un débat national et une concertation véritable sur les sujets stratégiques et un audit sérieux de la situation économique et sociale dans le pays», souligne le premier secrétaire du FFS qui regrette que le débat politique sur les institutions et sur l’Etat de droit, aussi fondamental qu’il est, soit escamoté. «Après avoir longtemps tergiversé, le pouvoir a choisi d’escamoter le débat politique. Or, dans la situation actuelle, le politique prime sur l’économique et le financier, même si les réalités dans ces domaines doivent être appréhendées avec lucidité, pragmatisme et courage», prévient Mohamed Nebbou qui considère comme «une contre-vérité que de prétendre que la crise économique et financière actuelle est récente et la conséquence exclusive de la chute des revenus pétroliers ou des désordres financiers internationaux». Pour le responsable du FFS, les réponses apportées à cette crise ne sont que «des mesures conjoncturelles ; elles ne visent qu’à donner le change à l’extérieur et à jouer les pompiers à l’intérieur». Mohamed Nebbou estime ainsi que «le pouvoir est en panne d’une vision et d’un projet d’avenir». Il regrette que la volonté politique du pouvoir ne soit pas encore au rendez-vous. Le premier secrétaire du FFS ira jusqu’à dire que «le pouvoir est en train de gâcher la dernière chance pour repenser et réévaluer collectivement les options retenues pour le pays». Revenant sur la décision du groupe parlementaire du FFS de boycotter la cérémonie d’ouverture de la session d’automne du Parlement, il affirme que cela est motivé par le recours abusif et injustifié à la légifération par ordonnances, l’arrogance et le mépris de l’exécutif envers le législatif. «Jusqu’à quand prévaudra la prééminence d’une institution sur les autres dans l’Etat algérien ?», s’interroge le FFS, qui estime que «dans le droit contemporain, cette prééminence équivaut à une forme de coup d’Etat». Pour le FFS, «il n’est pas encore trop tard pour redresser le pays et instaurer un Etat de droit. «L’Algérie peut encore se ressaisir, les Algériennes et les Algériens peuvent encore construire un projet crédible et convainquant», soutient-il. Le premier secrétaire du FFS conditionne la sortie de crise par la «reconnaissance des dirigeants et des gouvernements successifs de leur responsabilité dans la crise actuelle» et leur contribution à «l’amorce de changements pacifiques, démocratiques et consensuels dont le pays a besoin».
Rafik Meddour