Encore une campagne…
Par Houari Achouri – A chaque rentrée, sa campagne d’hygiène et de propreté dans les rues des villes et quartiers, et quand le ministre concerné est nouvellement installé à son poste, le respect de la tradition s’accompagne d’une touche d’originalité qui se trouve le plus souvent dans une formule plutôt que dans l’efficacité de l’action. Tout le monde se souvient du «nettoyons les villes !» lancé comme un cri de ralliement par un ministre de l’environnement en 2012. Le nouveau ministre de l’Intérieur a créé lui aussi sa formule dans la menace adressée à ceux qui ne font pas leur travail au sein des communes, qu’ils ne resteraient pas 48h de plus à leurs postes. Mais, globalement, c’est la même démarche. Aujourd’hui, tous les «moyens humains et matériels» ont été mobilisés dans un branle-bas de combat pour faire la chasse à la saleté, sans illusion, car il faut plus qu’une action spectaculaire pour venir à bout de ce fléau qui a pris possession des villes. Quand l’actuel wali d’Alger découvrit, visiblement pour la première fois, la saleté dans les quartiers de la capitale, caractérisée par un niveau de clochardisation incroyable, il avait qualifié la situation d’inacceptable. Il alloua une enveloppe de 10 milliards de DA à une campagne de nettoiement qui devait durer un mois, en novembre 2013. C’était, il y a deux ans. Vendredi 4 septembre 2015, à Alger, retour à la case départ, remobilisation de milliers d’agents et de centaines de camions pour la énième bataille contre la saleté, qui sera, sans doute, perdue encore une fois. L’indignation des représentants des pouvoirs publics, qu’elle soit sincère, c’est plus souvent le cas, ou feinte, et leurs discours sur la volonté de «nettoyer les villes» ne changent rien au cadre de vie urbain, toujours invivable, et c’est encore plus net dans la capitale. Les Algériens, et surtout les jeunes, méritent mieux que le décor insalubre dans lequel ils évoluent. Mais pour s’attaquer avec efficacité à la saleté et nettoyer définitivement les lieux avec la certitude que rien ne sera comme avant, il faut plus qu’une campagne conjoncturelle et cyclique, qui produit de l’agitation, fait impression, mais reste sans lendemain.
H. A.
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