Le marchand de rêves
M. Aït Amara – Comment ce ministre de l’Habitat ose-t-il encore construire des chimères avec des mots, rien que des mots ? Lui dont le rôle principal n’est pas de résoudre le problème du logement, mais de vendre du vent aux Algériens pour les faire dormir jusqu’à 2019 ? Comment ce Tebboune, qui a lamentablement échoué une première fois, a-t-il pu être rappelé au gouvernement pour faire pousser les mêmes cités hideuses à la périphérie des belles villes laissées par la France coloniale – ne soyez pas choqués, chers lecteurs, même si elle blesse, cette vérité doit être dite ! – ? Qu’a-t-il donc bâti ce bureaucrate ? Des bidonvilles en béton à côté de bidonvilles en zinc. Des cités dortoirs qui deviennent au bout de quelques semaines des décharges à ciel ouvert et, dans quelques jours, des abattoirs à même les trottoirs. Des tours sans ascenseurs, sans vide-ordures, sans sèche-linge, sans parabole commune, et dont les caves sont prévues pour loger les bestioles et les rats dès qu’elles seront emplies d’eaux usées et de toutes sortes de détritus. Des quartiers sans plan, sans rue principale, sans jardin public, sans centre de soins, sans bureau de poste, sans moyens de transport, sans banques, sans mobilier urbain, sans centre culturel, sans bibliothèque, sans toilettes publiques. Est-ce cela l’urbanisme, M. Tebboune ? Vous êtes incapable, en 2015, de faire le centième de ce que vos prédécesseurs coloniaux ont fait à une époque où la seule technologie disponible était la matière grise, la force des bras et le sérieux. Pourtant, cela s’appelait du «travail arabe» ! Ces trois vertus ne trouvant pas de place dans votre glossaire, vous les remplacez par le verbiage, la néantise et le je-m’en-fichisme. Vous déclarez à l’APS, en roulant des épaules, que «l'offre actuelle de logement est unique en son genre» et qu’«elle couvre toutes les catégories sociales, ce qui a permis de couvrir un taux considérable de la demande nationale de logement». Vous vous foutez de nous ? De qui tenez-vous ces inepties ? Des rapports qui vous parviennent de vos subordonnés qui vous mènent en bateau, ou de vos visites occasionnelles sur le terrain où vous êtes orienté, les œillères devant les yeux, à grand renfort de caméras, vers un appartement-(faux)témoin, et haussez le ton insistant sur les délais de réalisation et sur la qualité du produit, histoire de nous impressionner ? Allez donc faire un tour du côté de ces cités que vous offrez au citoyen et dont hériteront les générations futures ! Sortez un peu de votre Club des Pins, circulez, y a tellement à voir ! Et, surtout, arrêtez de mentir aux Algériens ! Vous gaspillez votre salive. Ces postulants à qui vous promettez de pouvoir choisir le site de leur logement, «immeuble, étage et quartier» (sic !), n’ont même pas pu accéder à votre site internet. Alors, de grâce, taisez-vous !
M. A.-A.
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