Développement local : le foncier industriel à la charge des walis
L’attribution du très demandé foncier industriel ne sera plus soumise au Comité d’assistance à la localisation et la promotion des investissements et de la régulation du foncier (Calpiref) auquel revenait la décision d’octroi du foncier industriel. Selon Azzeddine Kerri, directeur des finances locales au ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, des mesures proposées pour la loi de finances 2016 vont faire sauter ce verrou qui constituait un frein pour l’investissement local. Dans un entretien accordé à l’agence officielle, ce responsable a affirmé que «désormais, ce foncier sera disponible car il sera à la charge des walis qui auront donc plus de responsabilité et plus de liberté pour promouvoir l’investissement». Ainsi donc, le très explosif foncier industriel qui ne cesse de faire couler beaucoup d’encre est confié aux walis. Des walis qui font l’objet pour moins que ça de fortes pressions. Le cas du défunt wali d’Annaba est édifiant. Pourraient-ils donc résister aux puissants lobbys locaux ? Kerri n’explique pas comment garantir la transparence dans l’attribution de ce foncier très convoité. Ce responsable au ministère de l’Intérieur ne répond pas à ces questions. Il se contente de faire état des mesures envisagées pour améliorer les finances locales. Et pour lui, «2016 sera l’année de la performance pour la finance locale». Pour lui, le gouvernement a fini par comprendre que les collectivités locales doivent devenir un vrai moteur de création de richesses et d’emplois à travers la promotion de l’investissement local. Jusqu’à présent, les collectivités locales bénéficiaient d’une solidarité financière centralisée, assurée par la Caisse de garantie des collectivités locales (qui vient remplacer le Fonds commun des collectivités locales, FCCL), à travers des subventions octroyées annuellement aux communes. Mais avec la crise pétrolière et la durabilité de la chute du prix du baril de l’or noir, le gouvernement ne pourra plus continuer à financer le «développement local». Ainsi, «dès 2016, les collectivités locales auront toute latitude de développer des activités économiques susceptibles de générer une plus-value. Elles devront épuiser toutes leurs ressources non consommées avant d’aller en demander d’autres. Il faut ensuite mettre un terme aux surévaluations des dépenses et aux sous-évaluations des recettes, l’investissement local prendra enfin le relais», a détaillé ce responsable. Mais la question du foncier suffira-t-elle pour faire décoller l’économie locale ? Il faut dire que de nombreux hommes d’affaires se plaignent de difficultés rencontrées pour accéder au foncier industriel dans un pays vaste comme l’Algérie.
Rafik Meddour