Intervention armée étrangère imminente : pourquoi Hollande et Cameron veulent frapper en Syrie
Tout indique que la France et la Grande-Bretagne se préparent à opérer des raids aériens en Syrie. Le président français, François Hollande, devrait en faire l’annonce ou, du moins, y faire allusion lors de sa conférence de presse de ce lundi, tandis que Londres a déjà fait savoir que l’armée britannique devrait intervenir incessamment «contre les positions de l’Etat Islamique». L’empressement de ces deux pays à mobiliser leurs armées pour s’impliquer directement dans le conflit intersyrien est censé être une conséquence directe des flux incessants de migrants qui menacent la stabilité de l’Europe. Mais la véritable raison de cette décision est ailleurs. Elle survient, en effet, au lendemain d’informations concordantes qui font état de la participation directe de la Russie à la guerre que livre Damas à Daech. En plus d’affronter ce mouvement terroriste, la Syrie est ceinte par des pays qui entretiennent des relations antagonistes, notamment la Turquie, partie prenante dans la guerre civile qui fait rage dans ce pays du Moyen-Orient ruiné et exsangue qui se vide de ses habitants – on parle de quatre millions de réfugiés. Accusées d’être derrière la dégradation de la situation dans cette région du monde, voire d’encourager les avancées des terroristes de Daech à travers leur opposition extrême au régime de Bachar Al-Assad et leur soutien à ce qu’ils qualifient abstraitement d’«opposition modérée», les capitales occidentales craignent qu’une intervention militaire russe ne vienne à renverser la vapeur et ne paraisse comme un revers pour tout l’Occident qui aura échoué, aux yeux de l’opinion internationale, à vaincre cette hydre terroriste. Une victoire pour Moscou est malvenue dans ce contexte de guerre froide. Pour préparer cette intervention militaire franco-britannique, les médias de ces deux pays multiplient les annonces d’«importantes victoires» de l’Etat Islamique sur le terrain, et parlent de l’occupation par Daech de points stratégiques, insinuant même que les terroristes seraient aux portes de la capitale syrienne. Des informations qu’il faut évidemment prendre avec des pincettes. La guerre syrienne sort ainsi définitivement de son caractère national et devient de plus en plus explicitement le terrain d’une guerre de positions entre l’Otan et la Russie dont les relations n’ont jamais été aussi inquiétantes depuis la fin du conflit entre les blocs est et ouest. La guerre contre l’ennemi commun qu’est l’Etat Islamique ouvre la voie, par ricochet et de façon inédite, à une guerre parallèle entre les Etats membres de l’Otan d’un côté et le régime de Damas et ses alliés russe et chinois de l’autre. Moscou compte, par sa présence en Syrie, rendre la monnaie de sa pièce à l’Occident qui s’est trop approché de son territoire en se positionnant ouvertement et hostilement aux côtés de son adversaire ukrainien. Les prémices d’une guerre mondiale n’ont jamais été aussi évidentes.
Karim Bouali