Federica Mogherini prochainement à Alger : les mises au point de l’Algérie à l’Union européenne
La haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, effectuera une visite en Algérie les 15 et 16 septembre prochains. Des entretiens importants réuniront la responsable européenne et les représentants du gouvernement algérien, dont le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Au menu des discussions, l’accord d’association dans son volet économique, mais aussi politique. L’Algérie considère que beaucoup d’éléments et d'aspects doivent être améliorés dans le cadre du partenariat général avec l’UE et que d’autres doivent carrément changer. Pour le gouvernement, il est temps, en effet, que la partie européenne «change ses attitudes à l’égard de l’Algérie». Le gouvernement a d’ailleurs consacré ces derniers mois plusieurs réunions à l’étude du dossier de l’accord d’association avec l’UE, dont notamment la tenue d’un conseil interministériel, il y a quelques jours, pour aborder les failles dans ce dossier et améliorer le partenariat en faveur du pays. L’Algérie entend recadrer ses relations avec Bruxelles, estimant qu’il existe un déséquilibre entre les intérêts des deux parties au détriment de notre pays. Lors de la tenue de la 9e réunion du conseil d’association Algérie-UE au mois de juin dernier dans la capitale européenne, Ramtane Lamamra avait estimé qu’une seconde évaluation de l’accord d’association s’imposait au plan économique, le bilan étant plus que négatif pour l’Algérie depuis la mise en œuvre de cet accord. «Dans ce partenariat, l’Algérie a donné plus qu’elle a reçu», avait-il noté. «Les barrières tarifaires et non tarifaires imposées aux produits algériens, la baisse des investissements européens en Algérie, la réduction des parts de Sonatrach dans le marché gazier européen sont des obstacles qu’il faut aplanir avec la partie européenne en vue d’équilibrer le partenariat économique bilatéral», avait également souligné le ministre des Affaires étrangères. Sur le plan politique, l’Algérie exige un respect mutuel et un dialogue pour parvenir à une entente d’égal à égal. Lors de la prochaine visite de Federica Mogherini, Ramtane Lamamra aura certainement à remettre sur la table la question des interventions intempestives concernant la situation des droits de l’Homme en Algérie de la part de l’UE dont le dernier rapport avait sévèrement critiqué le gouvernement, suscitant une réponse cinglante du ministre des Affaires étrangères qui avait estimé que l’UE n’avait pas à s’ingérer dans les affaires internes de notre pays. Ramtane Lamamra avait qualifié, début juin, les remarques de l’Union européenne sur la question des droits de l’Homme en Algérie d’«ingérence» et exigé le respect de la souveraineté nationale. «Si, ailleurs, il y a une sous-culture qui voudrait qu’on s’ingère dans les affaires de la justice, ce n’est pas notre culture à nous en Algérie», avait-il martelé lors d’un point de presse animé à Bruxelles. Le chef de la diplomatie algérienne avait affirmé que l’Algérie tenait au respect mutuel avec son partenaire européen, exigeant, de ce fait, le respect de sa souveraineté nationale. «Nous respectons notre partenaire, nous demandons et nous exigeons même qu’il respecte notre souveraineté», avait-il souligné, estimant avoir mis les points sur les «i» en demandant le «respect mutuel» et l’«équilibre des intérêts». Lamamra avait expliqué que la justice algérienne appliquait les lois de la République sans discrimination et en toute sérénité. Lors de la venue à Alger de Federica Mogherini, plusieurs questions internationales seront abordées, dont la question des réfugiés syriens en Europe et les éventuelles frappes aériennes en Syrie. Par ailleurs, il devrait être question des efforts de l’Algérie en vue d’aider au règlement de la crise libyenne qui prend des contours dangereux pour la stabilité du pays et de toute la région. Les efforts entrepris sous l’égide de l’ONU piétinent et l’Algérie est fortement sollicitée pour apporter son aide au règlement de la crise comme ce fut le cas pour le dossier malien. Des efforts sur lesquels l’UE a eu à se positionner en affirmant la justesse de la position algérienne et l’efficacité de ses interventions auprès des parties en conflit chez les pays voisins.
Meriem Sassi