Les messages d’Ouyahia
Par Rabah Toubal – Généralement, lorsqu'un politicien nie ou dément un fait, cela signifie qu'il confirme son existence. Quand il ment, il jure souvent «sur la tête de ses enfants», même s'il n'en a pas, de dire la vérité, pour mieux tromper ceux qui l'écoutent ou croient à ses promesses. J'ai lu avec un grand intérêt, l'article compte-rendu de M. Mohamed El-Ghazi, paru hier dans Algeriepatriotique relatif à la conférence de presse que M. Ahmed Ouyahia, SG du RND, a animée samedi au siège de son parti. Je reprendrai, ci-après les éléments clés de cette rencontre en y ajoutant mon interprétation des déclarations d'Ouyahia, à la lumière de la grille de lecture énoncée précédemment.
1- «Le gouvernement n'est pas responsable de la crise actuelle.» «Je ne suis ni contre Abdelmalek Sellal ni contre le gouvernement, car j'en fais partie, mais si des mesures ne sont pas prises dès à présent, il n'y aura pas un dollar dans les caisses de l'Etat d'ici 5 ou 6 ans.» En réalité, Ouyahia, dont la rivalité avec Sellal, qu'il considère comme un sérieux challenger pour la succession du président Abdelaziz Bouteflika, dont il prétend être l'héritier présomptif, est avérée, suggère clairement que le gouvernement de Sellal est responsable de la crise qu'il est incapable de régler. Il faut donc limoger Sellal et le nommer à sa place, lui qui a déjà géré par le passé des situations autrement plus difficiles, «n'est-ce pas M. Mokdad Sifi ?», qu'il égratigne au passage. Contrairement au gouvernement actuel, qui s'acoquine ouvertement avec la mafia de l'argent et a peur de l'émeute, lui Ouyahia est «prêt à établir un impôt sur la fortune et revoir le système des subventions». Il ne recourra pas, à court terme, à l'endettement extérieur parce que notre pays dispose encore d'une marge de manœuvre suffisante, mais à moyen et long termes, on verra.
2- Restructuration du DRS, affaire du général Hassan, Madani Mezrag…
Pour Ouyahia, c'est le DRS lui-même qui a opéré ces «changements naturels et que ceux qui ont divulgué des informations sensibles» sur cette affaire ne pourraient qu'appartenir au clan adverse, c'est-à-dire celui de Saïdani et son mentor Saïd Bouteflika. En voulant maquiller la réalité que tout le monde connaît, Ouyahia confirme le caractère exceptionnel et gravissime de ces décisions prises par un président qui, dit-il, «n'est pas un Néron pour brûler le pays», en pensant tout à fait le contraire, c'est-à-dire que «Bouteflika est un danger pour la République car il est manipulé par son entourage. Il est donc urgent de le faire remplacer par moi avant qu'il ne brûle le pays». S'agissant de l'agrément au parti de Madani Mezrag, Ouyahia, l'ancien éradicateur, devenu réconciliateur puis apparemment redevenu éradicateur : «Moi, je n'octroierai pas d'agrément à l'ancien égorgeur de militaires algériens, qui continue à rencontrer ses troupes dans les maquis, mais le gouvernement de Sellal, faible et fragilisé par sa gestion catastrophique et la crise qui mine notre pays, le fera». Ce message subliminal est, entre autres, également adressé aux Patriotes, à qui il avait, à l'occasion, réitéré son fervent soutien.
R. T.
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