Ali Benflis : «Les changements au sein du DRS se passent dans des conditions anormales»
«Je ne suis pas dans le secret du sérail», a répondu Ali Benflis, aujourd’hui mardi, lors d’une conférence de presse qu’il a animée au siège de son parti Talaiou El-Houriyet, à des journalistes qui lui demandaient sa lecture sur les récents changements au niveau de l’armée et la mise à la retraite du général de corps d’armée Mohamed Mediène, dit Toufik. Néanmoins, il a tenu à parler du cheminement que tout pays démocratique suit pour aboutir à ce genre de changements. Pour Benflis, dans le monde, tous les commandements militaires connaissent des changements. «Les changements dont vous parlez arrivent dans tous les pays, selon des lois et des critères bien établis en toute transparence», a-t-il expliqué, en notant qu’en Algérie ces changements se passent selon les humeurs des uns et des autres. «Chez nous, où il y a un pouvoir dictateur, ces changements se passent selon les humeurs, en l’absence des lois et dans un environnement brumeux dans lequel la rumeur va bon train.» Ces changements au niveau de l’armée et des services de renseignement se sont produits, a-t-il ajouté, «dans des conditions anormales», la plus importante d’entre elles étant la vacance du pouvoir. Rappelant l’ultime apparition en public du président Abdelaziz Bouteflika le 8 mai 2012, lors de laquelle il s’est adressé au peuple algérien pour la dernière fois avant de tomber malade, Benflis s’est demandé qui gère le pays. «On est en droit de se poser la question de savoir qui gère l’Algérie finalement et qui procède à tous ces changements !» s’est-il interrogé. «Je considère l’Armée nationale populaire comme étant le premier protecteur du pays et je crains que cette armée soit utilisée à des fins personnelles qui ne sont pas bénéfiques ni pour le pays ni pour elle-même.» Pour Benflis, la priorité n’est pas à la révision de la Constitution, mais plutôt à la construction d’un pouvoir démocratique et à la modernisation du système politique. La priorité, selon lui, c’est de rendre leur légitimité à toutes les institutions de l’Etat, une pleine citoyenneté et le recouvrement de la souveraineté du pays. Répondant aux allégations du pouvoir qui accuse l’opposition de «faire peur au peuple», Benflis a lancé : «Est-ce l’opposition qui a dépensé 800 milliards de dollars sans aucun résultat positif ?» affirmant que les dépenses réelles du pays varient entre 80 et 90 milliards de dollars. «On nous dit que les dépenses de l’Algérie s’élèvent à 60 milliards de dollars. Seulement, les dépenses des services ne sont pas comptées, pas plus que ce qu’on appelle les dépenses non déclarées. En réalité, nos dépenses varient entre 80 et 90 milliards de dollars», a-t-il relevé. «Le citoyen a peur de tout cela et non de ce que dit l’opposition.» Il faudra aller vers l’austérité et les sacrifices, a-t-il ajouté, mais ce pouvoir ne peut demander au peuple de serrer la ceinture étant lui-même un pouvoir de gabegie. A propos du recyclage de l’argent sale, Benflis a indiqué que cela est arrivé dans d’autres pays démocratiques, seulement, pour faire rentrer cet argent dans le circuit des banques, ils ont ouvert un débat national sur cette question, en exigeant un taux de 20% à 30% et des investissements dans les secteurs en souffrance. Par ailleurs, Benflis a rappelé les conditions difficiles dans lesquelles son parti a obtenu son agrément. Il a affirmé que sa formation politique a été créée pour «être un témoin juste» pour le peuple algérien. Il a expliqué comment sa formation compte s’y prendre pour mobiliser les citoyens autour de son projet dans un contexte de discrédit «du politique et de la politique».
Mohamed El-Ghazi