Fin de fiction
Par Kamel Moulfi – Le cinéma de l’Union européenne sur les réfugiés a duré le temps d’un mauvais film. La fiction prend fin ; on revient à la réalité. Les frontières se font plus étanches sans égard pour l’accord de Schengen qui permet la libre circulation dans son espace. Le gouvernement allemand a ouvert la voie à ce retour en arrière en décidant de réinstaurer – «temporairement», laisse-t-il croire – les contrôles frontaliers pour faire face à l’afflux des réfugiés. La discrimination est réinstaurée entre les citoyens UE et les autres, ceux du «Sud». Il y a un proverbe, chez nous, qui convient bien à cette situation, créée «avec leurs mains» par les pays occidentaux et qu’ils devront démêler «avec leurs dents». L’euphorie factice et hypocrite fabriquée par la propagande à propos des «réfugiés syriens accueillis à bras ouvert», a fait place à un agacement des dirigeants des principaux pays de l’UE, qu’ils n’essaient même pas de cacher. Les capacités réelles d’accueil ne répondent pas aux besoins de la propagande, sans compter les désagréments que cause le «mélange» de modes de vie, radicalement différents. Des signaux sont alors lancés vers l’opinion publique pour la préparer à un autre scénario, moins humanitaire et plus lucide. Sur les écrans des médias instrumentalisés, passent maintenant les images de l’enfermement matérialisé par les clôtures comme celles qui entourent la Hongrie. Dans ce pays, les migrants clandestins qui l’utilisent comme couloir de passage vers le cœur de l’UE, risqueront gros quand le nouveau dispositif législatif qui les vise spécialement sera mis en place. Ils arrivent de Syrie, d’Irak et de Libye, mais aussi d’une autre contrée, plus lointaine, l’Afghanistan, ravagée par la guerre déclenchée par l’Otan. La crise des réfugiés s’installe durablement dans l’UE et la réunion d’urgence, le 22 septembre, des ministres de l'Intérieur, n’y changera rien, ni dans l’immédiat ni à moyen terme. Ce n’est, en tout cas, pas avec un simple plan de répartition, obligatoire ou non, des réfugiés entre les Etats membres de l'UE, que le problème sera réglé. Les réfugiés ne sont pas un gâteau à partager. La solution ? Que les dirigeants des pays occidentaux se mêlent de ce qui les regarde et nous laissent tranquilles !
K. M.
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