Il y a putsch et putsch
Par Houari Achouri – Le coup d’Etat qui s’est déroulé mercredi au Burkina Faso est ce qu’il y a de plus classique en la matière, version basique, pourrions-nous dire. Des membres de la Garde présidentielle ont fait irruption en plein conseil des ministres et ont ramassé tout le beau monde qui se trouvait dans la salle, autour de la table de réunion : les ministres, le chef du gouvernement et surtout le président de transition, Michel Kafando. Les auteurs de cette prise de pouvoir ne se sont pas embarrassés d’une mise en scène dans le style des manifestations de rues, pour donner une allure de révolution colorée à leur coup d’Etat. Cela explique peut-être cette levée de boucliers contre le putsch au Burkina Faso, qui a tout d’un «mauvais» coup d’Etat, pire «un acte terroriste» comme n’a pas hésité à le qualifier l’Union africaine. La mise en place par les militaires du Conseil national pour la démocratie (CND), avec «démocratie» comme mot-clef dans son intitulé, n’a pas suffi. En somme, s’il avait été «fardé» comme il le faut, ou plus explicitement téléguidé à partir d'Europe et des Etats-Unis, ce coup d'Etat aurait été bon. Mais conduit sans le feu vert de l’Otan, il est mauvais et donc spontanément condamnable. Ne sont-ce pas des coups d'Etat qui se déroulent sous nos yeux en Syrie, en Irak, en Libye, au Yémen et en Côte d'Ivoire ? L’exemple le plus flagrant est celui de l’Ukraine. L’engagement des Etats-Unis dans le renversement du président élu, Victor Ianoukovitch, a été implicitement admis par le président Obama lui-même, après avoir nié pendant des mois ce fait constaté par tous les observateurs honnêtes. C’est maintenant reconnu : Washington s’est mêlé directement des affaires intérieures de ce pays en finançant les «rebelles» de Kiev, ce qui a conduit au chaos actuel dans ce pays. Le cas de l’Ukraine démontre, au passage, que la loi américaine interdit à la Maison-Blanche de fournir de l'aide aux pays où un coup d'Etat a eu lieu, sauf s’il s’agit d’un «bon», c'est-à-dire un des «leurs», comme en Ukraine.
H. A.
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