Le CCTA dénonce «les contre-vérités» du ministre des Transports
Le Collectif contre la cherté du transport vers l’Algérie (CCTA) a vivement dénoncé ce qu’il qualifie de «contre-vérités» du ministre des Transports, Boudjema Talaï, relatives au retard des vols d’Air Algérie. Dans une lettre adressée à la fois au président de la République, au Premier ministre, aux députés et aux médias, le CCTA considère ainsi que dire que la ponctualité des avions d’Air Algérie est de «98%» depuis les changements opérés par le ministre est «une blague de mauvais goût qui exprime une volonté manifeste de tromper l’opinion publique algérienne qui ne porte plus depuis longtemps dans son cœur la compagnie nationale à cause justement des longs retards chroniques de ses vols ». Le CCTA souligne que des données recueillies sur le terrain prouvent tout le contraire des «affirmations» du ministre des Transports qui veut faire croire que les choses vont mieux au sein de cette compagnie, alors que rien n’a changé. Selon ce collectif, le service d’Air Algérie laisse à désirer et les tarifs restent exorbitants. «Ces allégations sont le signe manifeste d’une impuissance à réformer le mammouth Air Algérie», estime ce collectif qui dénonce ainsi l’utilisation fallacieuse et tronquée des statistiques » par le ministre. Le CCTA se dit ainsi «choqué par les derniers chiffres annoncés par Boudjemaâ Talaï». Le CCTA affirme qu’en 2014, la compagnie néerlandaise KLM a été classée n°1 mondiale en termes de ponctualité avec un pourcentage de 88%, suivie de la compagnie suédoise SAS classée n°2, puis de l’espagnole Ibéria n°3, Japan Airlines n°4, etc. Ce classement a été réalisé par l’organisation indépendante FlightStats qui enregistre, étudie et analyse chaque jour les données des milliers de vols à travers le monde. Les meilleures compagnies du monde n’atteignent pas le taux des 90% ! «Ainsi, avec son taux de ponctualité de 98%, Air Algérie survolerait donc le classement mondial et serait devenue en deux mois la meilleure compagnie du monde en termes de ponctualité», relève le CCTA, avant de lancer : «Heureusement que le ridicule ne tue pas…» Le CCTA qui se base sur les statistiques détaillées de l’organisme Flightstats affirme que «pour la période allant du 1er juillet au 31 août 2015, l’étude des 20 liaisons aériennes les plus importantes et les plus fréquentées de la compagnie fixe un taux de retard pour Air Algérie de 43%. Ces 20 liaisons représentent au moins 90% du trafic de la compagnie». Des données qui contredisent totalement la version du ministre des Transports. Le CCTA insiste sur «la différence» qui est de taille : 43% de retard et non pas 2% ! Ce collectif, visiblement très remonté contre le ministre, assure que «l’amélioration de la ponctualité chez Air Algérie est un mythe». «Ce taux de 98% sorti d’un chapeau est sans fondement et ne reflète en rien la réalité de la compagnie : Air Algérie est une compagnie qui souffre encore et toujours de ses retards chroniques», écrit le CCTA qui fait ainsi une sévère mise au point au ministre, en l’invitant à ne pas se faire passer pour «ce super-héros qui a révolutionné Air Algérie d’un coup de baguette magique». Le CCTA est affirmatif : rien n’a changé chez Air Algérie. «Faire croire que le problème des retards d’Air Algérie a été résolu alors qu’il ne l’est pas est inacceptable lorsque cela vient de la part d’un ministre de la République, idem pour l’annonce des "super-promos" qui a fait le tour des médias algériens où les billets n’atteignent pas les 100 euros pour un aller/retour entre Paris et Alger par exemple», estime ce collectif qui appelle les responsables à cesser de mentir aux Algériens. Pour ce collectif, Air Algérie continue de représenter un gouffre financier pour le peuple algérien. Elle reste une compagnie qui consomme et engloutit d’énormes subventions étatiques et ne produit aucun bénéfice. Le CCTA se dit convaincu que la communication d’une baisse illusoire des retards faite par le ministre des Transports ne peut que contribuer à «plomber» un peu plus la compagnie Air Algérie et ne favorise en rien son sauvetage. Par ailleurs, le ministre des Transports, Boudjemaâ Talaï, a répondu ce matin même au CCTA en tentant d’expliquer la nature des chiffres qu’il a avancés. Il a commencé par affirmer que les chiffres qu’il a donnés sur la ponctualité des vols d’Air Algérie étaient ceux de l’avant-veille à l’aéroport d’Alger. Sans pouvoir contredire les données de la CCTA, le ministre se contente d’assurer que «ce qui est sûr, c’est qu’il y a moins de retard, mais ce n’est pas une fin en soi». «Les efforts restent à faire à tous les niveaux pour sauver la compagnie», poursuit-il sur son compte Twitter. «C’est vrai qu’il existe une multitude de problèmes et je suis le premier à le reconnaître. Mais il ne faut pas désarmer, nous avons la volonté et nous ferons changer les choses dans le seul intérêt de la compagnie», a-t-il conclu. Arrivera-t-il à le faire ?
Rafik Meddour