La culture de l’arme blanche
Par Kamel Moulfi – Les scènes inadmissibles de violence à l’école mettant aux prises des enfants – et il n’est pas rare qu’ils utilisent des armes blanches – se banalisent. La violence à l’école vient de la rue et quand l’établissement scolaire manque de surveillants ou que ceux-ci ne font pas correctement leur travail, elle trouve la voie libre et il ne faut pas s’étonner, dans ce cas, d’apprendre que des élèves en classe portent des couteaux sur eux, prêts à les utiliser au moindre prétexte. La «culture» de l’arme blanche fait des ravages dans le milieu des apprentis-voyous. Les surveillants, quand ils existent, sont-ils formés et préparés à leurs missions, notamment à empêcher les germes de la vermine de se développer et de nuire aux autres, et faire régner le calme dans l’établissement ? Les médias ont déjà traité, en long et en large, de la violence et ont fait ressortir l’insuffisance des mesures qui sont prises par les pouvoirs publics. Ces derniers se contentent de «campagnes de sensibilisation» pour affronter ce phénomène gravissime qui ronge la société algérienne et qui nécessite des mesures radicales : refonte totale du système éducatif, réforme profonde du paysage audiovisuel national médiocre qui constitue une véritable bombe à retardement, contrôle rigoureux d'internet, responsabilisation par des mesures coercitives et pas seulement par le discours moral des parents démissionnaires, etc. L’incivisme, par défi à l’Etat ou par manque d’éducation et ignorance des règles de conduite qui fondent la cohabitation, en milieu urbain particulièrement, est visiblement toléré par la société. Or, c’est sur l’environnement de l’école qu’il faut agir en priorité, pour la protéger et en faire, pourquoi pas, un sanctuaire où la violence, y compris verbale, est absolument bannie. A Hadjout, dans la wilaya de Tipasa, une bagarre à l’arme blanche a envoyé trois élèves, blessés, dont un grièvement, à l’hôpital. Elle a eu lieu dans un CEM qui porte le nom – quelle ironie du sort ! – d’Ibn Khladoun. Jeudi, c’est l’Aïd El-Adha. Dans les familles où l’inconscience domine, les enfants vont être conviés à assister au rite de l’égorgement du mouton et il pourrait se trouver des écervelés pour les initier dès ce tendre âge au maniement du couteau sur une créature vivante.
K. M.
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