Licenciements et fermeture de bureaux : la chaîne de propagande Al-Jazeera se dirige droit vers la faillite
Conséquence de la dégringolade de son audience, depuis le début du «printemps arabe», et aussi de la chute des prix du baril de pétrole et subséquemment du gaz, la chaîne qatarie vient de lancer un plan de compression des effectifs qui va se poursuivre sur plusieurs étapes, rapportent des sources au fait du dossier. Ce plan consiste, dans une première étape, à congédier quelque mille salariés, dont des rédacteurs, des techniciens et des présentateurs. La direction de la chaîne a déjà licencié, jusqu’ici, cinq cents employés, dont des producteurs et des réalisateurs, sur les 5 000 travailleurs que comptait cette chaîne de propagande pro-Frères musulmans. Selon ces sources, les Qataris sont épargnés par cette vague de licenciements. Dans le même esprit d’austérité exigée par sa situation financière, la direction projette d’annuler certains programmes et de fermer des bureaux à l’étranger. Elle n’exclut pas, non plus, la suppression de deux chaînes annexes, à savoir Al-Jazeera documentaire et Al-Jazeera Mubachir, dont la charge devient trop lourde et dont le rendement en termes d’audimat est jugé en deçà des attentes. A ce rythme, Al-Jazeera risque de déposer le bilan. En tout cas, elle ne pourra plus exercer la même influence sur l’opinion publique arabe, alors qu’elle est déjà sérieusement concurrencée par une kyrielle de chaînes concurrentes qui ont fait leur apparition ces cinq dernières années et dont certaines tentent de mettre en avant un discours différent, et même de plus en plus hostile au nihilisme que développe cette chaîne qatarie. Créée en 1994 avec un capital de lancement de 500 millions de dollars, Al-Jazeera a, en un temps record, réussi à surclasser la chaîne à capitaux saoudiens MBC, qui dominait alors la scène audiovisuelle arabe. Mais elle est très vite devenue le porte-voix de la mouvance islamiste et de ses organisations armées. En se drapant derrière l’alibi du droit à l’information, les directions successives de la chaîne ont continué à entretenir des liens directs avec l’activisme islamiste international, en s’en faisant l’écho et en diffusant régulièrement les messages des chefs d’Al-Qaïda. Son rôle le plus néfaste s’est manifesté lors des soulèvements qui ont secoué le monde arabe, à partir de 2011. Ses correspondants dans les capitales arabes sont devenus de vrais propagandistes en faveur de la subversion et de la violence. Que ce soit en Libye, en Egypte ou en Syrie, les ravages commis par cette chaîne étaient tellement visibles que plusieurs journalistes et correspondants – de nationalité égyptienne, tunisienne, syrienne, libanaise ou yéménite, mais jamais algérienne – ont fini par démissionner pendant cette période, en signe de protestation contre ce qu’ils qualifient de «dérive» et d’«atteinte impardonnable à l’éthique et à la déontologie de la profession». Deux fondamentaux qui sont étrangers à l'esprit d'Al-Jazeera.
R. Mahmoudi