L’incurie saoudienne
Par Kamel Moulfi – La joie qu’amène l'Aïd El-Adha pour les musulmans n’a pas duré longtemps, assombrie par la tristesse après l’annonce de la mort de plusieurs centaines de pèlerins dans le terrible accident – encore un ! – survenu jeudi, lors de l’accomplissement d’un des rites du hadj. La tristesse, mais aussi l’incompréhension face à cet événement, vu de loin. Comment cela peut-il arriver ? Cette question, tous l’ont posée, croyant naïvement qu’un tel accident, avec cette ampleur, est impossible. La réponse est toute simple : les accidents qui se multiplient sur les Lieux saints de l’islam, à chaque pèlerinage (voir article d’Algeriepatriotique du 12 septembre) prouvent que les autorités saoudiennes n’ont pas les capacités exigées pour assurer la sécurité des deux millions de musulmans qui s’y rendent, en moyenne, chaque année. Les candidats à l'accomplissement de ce rituel aussi éprouvant qu'onéreux ne savent plus s'ils en reviendront vivants! Désormais, se rendre en Arabie Saoudite pour le pèlerinage est une aventure. Il ne s’agit pas d’une mort consécutive à l’épuisement lié au voyage ou à une maladie contractée subitement sur place, qui est accueillie comme la fatalité du destin (mektoub); non, c’est le plus stupide des accidents, la bousculade, pour aucune raison, sans signe de panique : ce jeudi, des pèlerins se déplaçaient dans des directions opposées dans une rue étroite, pour aller à Mina effectuer une des composantes du rituel du hadj, la lapidation de Satan, qui consiste à jeter des cailloux en direction de trois stèles le représentant. L’espace restreint parcouru de façon complètement désordonnée et dans des sens opposés, par une foule nombreuse, a réuni les conditions du drame impossible à éviter. Le bilan provisoire – 717 pèlerins morts et 863 autres blessés – est celui d’une véritable catastrophe. Le ministère saoudien de l'Intérieur a implicitement reconnu que les mesures et les procédures de sécurisation de ce rituel n’existent pas. C’est ce qui explique l’accident. Assurément, Riyad gère très mal l’opération du hadj, et cet accident de plus, de trop, non seulement le confirme, mais indique une tendance à la dégradation aggravée par le climat de guerre contre le pauvre Yémen voisin, que mène la coalition arabe dirigée par l’Arabie Saoudite. On dirait que la vie des pèlerins ne compte pas pour le régime monarchique saoudien. Mais les pays musulmans ne font rien pour mettre un terme à cette situation et confier l’organisation et la gestion des pèlerinages à des professionnels compétents et intègres, pour le plus grand bien de toute la communauté musulmane.
K. M.
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