Le pape a raison
Par R. Mahmoudi – Les institutions financières internationales ne s’encombrent d’aucun scrupule pour imposer leurs options toujours favorables aux plus riches et désastreuses pour les plus démunis. Ni l’extrême paupérisation à laquelle sont soumis tant d’Etats du Sud, broyés par l’engrenage du surendettement, ni l’état de guerre et de désintégration dans lequel sont jetés de plus en plus de pays à cause des «bonnes recettes» qui leur sont prodiguées par le FMI et la Banque mondiale, les deux principaux leviers de la finance internationale, n’ont pu stopper cette frénésie capitaliste sauvage. A telle enseigne que le pape François s’en est vigoureusement indigné, hier, en dénonçant, dans son premier discours à l’ONU, «l'asphyxie» que ces institutions font subir aux pays pauvres en les soumettant à des «systèmes de crédits» et à des politiques d'austérité. «Les organismes financiers internationaux, va-t-il clamé, veillent au développement durable des pays», au lieu de soumettre «les populations à des mécanismes de plus grande pauvreté, d'exclusion et de dépendance». Le souverain pontife est, certes, connu pour son discours teinté des concepts de gauche, en relation, sans doute, avec ses origines latino-américaines. Mais son réquisitoire est à lire comme un appel de conscience et une mise en garde contre une dérive planétaire. Laquelle dérive est en train de semer le chaos et de creuser le fossé entre un Nord plus arrogant que jamais et qui, à lui seul, représente la «communauté internationale», et un Sud surexploité et exsangue, dont les jeunes populations sont forcées à l’exode pour fuir les guerres, l’archaïsme, la dictature et la misère, et aller chercher un gîte et un travail chez les colonisateurs et d’hier. A vrai dire, les gouvernements occidentaux sont d’abord comptables devant leurs propres populations qui commencent à subir les affres du système auquel ils ont longtemps cru – la délocalisation, les risques de banqueroute comme c’est le cas de la Grèce, les injustices fiscales, la financiarisation de l’économie, etc. –, et dont elles commencent aujourd’hui à découvrir la dangerosité et, finalement, la perversion et l’immoralité.
R. M.
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