Rezzag Bara : «Mezrag ne peut pas revenir à la politique»
Venu défendre aujourd’hui mardi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale le bilan de dix années de la mise en application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Kamel Rezzag Bara, conseiller du président Bouteflika sur les questions juridiques et des droits de l’Homme, a commenté la série de changements opérés au sein des différents services de l’appareil de l’Etat et même au sein de l’armée. Il qualifie ces changements comme une nécessité «dictée» par la conjoncture et par l’impératif d’adapter les modes de gestion aux besoins et à la nature des problèmes des Algériens. «Les hommes d’hier ne peuvent pas faire face aux problèmes d’aujourd’hui», a-t-il souligné. Autrement dit, ceux qui ont été écartés de leurs postes de responsabilité sont trop vieux pour continuer à gérer. Pour lui, il s’agit d’une mise en conformité «aux méthodes et aux attentes d’aujourd’hui». «Nous ne pouvons pas faire face aux défis d’aujourd’hui avec les hommes d’hier. C’est un cycle normal. Ce sont des transitions à mener et des articulations à gérer. C’est tout simplement une transition intergénérationnelle», estime le conseiller du Président. «Les systèmes d’hier, les hommes d’hier ont répondu aux exigences de l’époque. Mais les problèmes d’aujourd’hui et les exigences de la société ont besoin d’hommes et de méthodes d’aujourd’hui», insiste-t-il. Pour Kamel Rezzag Bara, «il y a des forces nouvelles qui s’expriment, des attentes nouvelles qui sont en train d’émerger». Le souci, selon lui, c’est «comment faire en sorte que le politique, au pouvoir ou dans l’opposition, dans un cadre constitutionnel et démocratique, réponde à ces aspirations, mais avec les méthodes et les hommes d’aujourd’hui». Revenant sur la décennie noire, il affirme que «la grave situation de violence créée au début des années 90 a été la conséquence d’un terrorisme sanguinaire, instrumentalisant la religion à des fins de prise de pouvoir et qui aurait pu jeter l’Algérie dans un puits sans fond». Rappelant l’échec des multiples tentatives de dialogue avec les dirigeants de l'ex-parti dissous, le Front islamique du salut (FIS), pour stopper cette spirale meurtrière, «et pour que le pays ne sombre pas dans le chaos», M. Rezzag Bara considère que la seule possibilité de s'en extraire était d’instituer une concorde civile suivie d’une Charte pour paix et la réconciliation. Il explique que cette décision a été arrêtée afin d’éviter une internationalisation du conflit et pour qu'il n'y ait «ni vainqueur ni vaincu», entendre par là les forces de sécurité, d’une part, et ceux entrés en dissidence contre l’Etat d’autre part. Commentant les prétentions répétées, ces jours derniers, de l’un des dirigeants de la mouvance terroriste d’intégrer la vie politique, M. Rezzag Bara a souligné qu’il n’avait relevé, nulle part, la présence d’un texte de la Charte qui y fait référence. Autrement dit, il n’y a aucune base légale qui puisse permettre aux anciens chefs terroristes de revenir sur la scène politique.
Rafik Meddour