Dictateurs du Nord et du Sud
Par M. Aït Amara – Voici ce qu’écrit Josiane Filio, une militante française que beaucoup s’amuseraient à qualifier – en prenant les raccourcis habituels et tellement faciles – d’«extrémiste de droite» : «Grâce au respect et à la reconnaissance de mes aïeux envers la France, mes racines étrangères se sont bien intégrées à mes racines gauloises, je suis ainsi une émanation de la diversité tant vantée par la bien-pensance, particulièrement fière d'être citoyenne française, et farouche patriote prête à défendre mon pays jusqu'à la mort s'il le faut.» J’entends d’ici certains maugréer : mais qu’a-t-il donc, celui-là, à nous bassiner avec les «lubies» de cette étrangère qui revendique ses origines lointaines et clame son patriotisme ? La réponse est dans ce que cette Française, citoyenne engagée pour sa patrie – elle en a le droit ! –, dit des dirigeants de son pays, des Etats-Unis, de l'Otan ; bref, de tous ces dictateurs du Nord qui s’acharnent sur leurs semblables du Sud et qui oublient de refermer la porte des toilettes politiques derrière eux lorsqu’ils font leurs besoins électoralistes. «Depuis des années, [on] nous a tour à tour présenté certains chefs d’Etat comme illégitimes puisque se conduisant "mal" avec leurs peuples. Grossier prétexte pour se dédouaner d’une ingérence dans les affaires de pays qui ne nous demandaient rien», écrit cette opposante écœurée mais lucide. Elle pousse un cri de colère contre ceux qu’elle qualifie de «vrais dictateurs» qui «n’ont même pas le courage de s’affirmer ainsi». Dans la France de la «démocratie» et de la «liberté d’expression», tenir un discours contraire à celui de l’Elysée et du Quai d’Orsay sur la Syrie ou la Libye, c’est commettre un crime de lèse-majesté. Ceux qui s’opposent aux politiques étrangères désastreuses des capitales occidentales sont systématiquement exclus des plateaux télé, mis en marge des colonnes des journaux, placés en quarantaine médiatique, jetés à la vindicte publique, montrés du doigt, stigmatisés, accusés de soutenir des «massacreurs» qui «gazent leur peuple». Ils sont victimes d’un lynchage et d’un ostracisme qui ne disent pas leur nom. «Cela s’appelle aussi de la dictature !» s’insurgent ceux dont la voix dissonante ne parvient pas à la majorité, car étouffée par la chape de plomb imposée par les médias dominants. Qui, en France, aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, écoute Josiane Filio, lorsqu’elle se tue à convaincre l’opinion publique occidentale que «si Bachar Al-Assad n’est pas un enfant de chœur, il est d’une évidence aveugle qu’il n’est pas que le sanguinaire dictateur, que la bien-pensance glapit à s’en rompre les cordes vocales, mais surtout l’homme fort qu’il faut à la tête de ce pays pour le protéger de la mortelle invasion islamiste» ? A-t-elle raison ? A-t-elle tort ? Pour le savoir, il faut débattre. Et pour débattre, il faut qu’il y ait une vraie démocratie. Or, le débat sur cette question et beaucoup d’autres, dans l’Occident de l’«ouverture d’esprit» et de la «tolérance», est prohibé au nom de la… liberté.
M. A.-A.
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