La roulette russe
Par R. Mahmoudi – Les dirigeants des pays membres de l’Otan sont en furie depuis l’annonce du début des opérations aériennes effectuées par l’armée russe en Syrie. Ils se sont empressés de déclarer que ces frappes n’auraient pas ciblé les positions de Daech, mais plutôt celles de «l’opposition armée» – tout le monde sait, au demeurant, que cette opposition fantôme n’existe plus depuis longtemps. D’ailleurs, la machine de propagande – Al-Jazeera, Al-Arabiya et consorts – est vite mise en marche pour déplorer, hier, la mort de 26 «civils» dans les premiers raids russes sur la ville de Homs. Information bien évidemment invérifiable, dès lors que cela se passe sur un terrain complètement chaotique, et qui sert, naturellement, à discréditer le plan russe qui, il ne faut pas l’oublier, s’est fait avec l’aval du gouvernement syrien, contrairement aux frappes exécutées par Washington ou Paris dans ce pays, d’ailleurs sans succès. Cette hystérie des Américains et des Français trahit deux choses : primo, ils ne voudraient pas que les Russes réussissent là où ils ont échoué, ce qui reviendrait à remettre en cause tous les plans à venir qu’ils avaient échafaudés pour mener à terme leur stratégie de mise en place d’un Grand Moyen-Orient tout à fait à la solde de l’Occident et de leurs alliés du Golfe. Ils ont peur que la Russie de Poutine mette fin aux guerres qu’ils ont provoquées dans la région et d’y ramener enfin le salut, alors qu’ils n’ont pas encore atteint leurs objectifs. Secundo, ces puissances, en s’offusquant de cette manière des attaques russes contre les mêmes terroristes qu’elles prétendent elles-mêmes combattre en Syrie, ont révélé qu’elles étaient elles-mêmes les protectrices de cette opposition armée, qui est en fait constituée d’un patchwork de milices armées et de mercenaires étrangers qui, pour la plupart, ont fini par rejoindre le Front Al-Nosrah, filiale locale d’Al-Qaïda, ou l’autre organisation terroriste affublée du titre pompeux d’«Etat Islamique». Autrement dit, Paris et Washington avouent pour la première fois, bien qu’indirectement, être les parrains d’Al-Qaïda et de ses démembrements, dont ce monstre de Daech, au Moyen-Orient.
R. M.
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