L’âne et la selle
Par M. Aït Amara – Un adage arabe dit : «Quand quelqu’un n'arrive pas à dompter son âne, il s’attaque à la selle.» C’est exactement ce qu’a fait Hamid Grine, le ministre de la Communication. L’Etat ne semblant pas avoir assez de cran pour traduire en justice celui qui a proféré des menaces contre la République, il s’en prend à celui qui les a écoutées. Ce ne sera pas Madani Mezrag qui devra répondre de ses actes devant un tribunal. Ce sera plutôt au directeur de la chaîne de télévision privée Al-Watan d’expliquer au juge pourquoi il ne s’est pas bouché les oreilles lorsque Madani Mezrag défiait Bouteflika de l’empêcher de créer son parti et pourquoi il ne s’est pas couvert le visage des deux mains quand l’ancien chef terroriste, engaillardi par son titre de «personnalité nationale» – fraîchement acquis auprès de la Présidence –, postillonnait ses galéjades enfiellées à la face d’Algériens écœurés à la vue de ce boucher. Pour que la décision de Hamid Grine soit juste et équitable, il devra ester les directeurs de toutes les chaînes de télévision et de tous les journaux qui ont déterré ce faux repenti qui garde le doigt sur la gâchette et qui attend le moment propice pour appuyer. Toutes ces chaînes de télévision ont permis à un criminel aux mains entachées de sang d’entrer dans nos demeures par effraction. En l’autorisant à parler et à s’afficher ainsi ostentatoirement et orgueilleusement, l’Etat s’est rendu coupable d’une indulgence et d’une passivité répréhensibles. Hamid Grine devra aussi intenter un procès à Ahmed Ouyahia, le directeur de cabinet de la présidence de la République, qui n’a pas manqué d’inviter cet assassin de soldats, de gendarmes et de policiers au siège d’une institution symbole de la République et propriété de tous les Algériens, que cet hôte répugnant ne désespère toujours pas, lui et ses compagnons, d’occuper en s’autoproclamant calife, successeur du Prophète Mohamed (QSSL). Lâchez donc la selle et occupez-vous plutôt de l’âne, messieurs les décideurs !
M. A.-A.
Comment (25)
Les commentaires sont fermés.