Benyounès revient sur son limogeage du gouvernement
Après s’être éclipsé durant plus de deux mois, Amara Benyounès, ex-ministre du Commerce, revient sur la scène politique, en présidant la séance d’ouverture de l’université d’été de son parti, le Mouvement populaire algérien (MPA), jeudi à Béjaïa. Cet ancien cadre du RCD a saisi l’occasion pour expliquer un tant soit peu son « limogeage du gouvernement un peu plus d’une année après l’investiture de Bouteflika pour un 4e mandat auquel il avait grandement contribué ». Même un peu trop, jugent certains observateurs. Amara Benyounès ne s’est en effet pas du tout montré rancunier. « Notre soutien au président de la République n’est pas pour des postes. Nous l’avions soutenu en 2004, 2009 et 2014. Nous le soutenons encore aujourd’hui et même demain. Notre soutien pour le président Bouteflika est en cours jusqu’à 2019 », a-t-il martelé d’emblée, devant un parterre de militants, de cadres et de journalistes. Tout en continuant à soutenir le président Bouteflika, Amara Benyounès a défendu bec et ongles son bilan et ses décisions à la tête du ministère du Commerce. Suggérant avoir payé le prix de sa volonté de réorganiser le commerce extérieur en mettant en place des mécanismes permettant une bonne régulation des importations, Amara Benyounès a, en effet, dénoncé la frénésie des importateurs qui font sortir des devises pour ramener des marchandises qui ne se vendent même pas. Le président du MPA estime avoir fait le bon choix d’avoir introduit des licences d’importation. « Cette mesure n’est pas mon invention. Elle est en vigueur dans d’autres pays. Elle vise à éviter les gaspillages », a-t-il assuré. Selon lui, les cas de l’importation du ciment et des voitures sont édifiants. « Nos besoins en ciment sont estimés à 23 millions de tonnes par an. Les capacités de production nationale opérationnelles sont évaluées à 18 millions de tonnes par an. Notre déficit est ainsi évalué à 5 millions de tonnes. Pourquoi importe-t-on donc 10 millions de tonnes, sachant qu’il y a des investissements en cours pour augmenter la production nationale ? » s’est-il demandé, affirmant « avoir voulu protéger l’économie nationale ». Amara Benyounès est aussi revenu sur l’importation de véhicules qui a dépassé en 2014 les 430 000 unités. « 130 000 véhicules n’ont pas été vendus. Pourquoi donc continuer à autoriser l’importation massive de voitures ? » s’est-il également interrogé. Sans le dire, Amara Benyounès suggère ainsi avoir, quelque part, été victime de ces lobbies forts et influents au sein des rouages de l’Etat. Le président du MPA ne s’est pas limité à cela. Pour lui, il est aussi inconcevable qu’un étranger puisse disposer d’un registre de commerce comme importateur en Algérie. Il estime que l’importation doit être exclusivement réservée aux nationaux. Amara Benyounès est également revenu sur la polémique éclatée sur l’autorisation de la vente libre de l’alcool, telle que stipulée par le code du commerce. Il estime avoir mis fin à une aberration dans le but de mieux contrôler le marché de la vente de l’alcool qui existe depuis l’indépendance. Le président du MPA a dénoncé dans ce sillage l’hypocrisie des islamistes en indiquant que ses prédécesseurs (Benbada et Djaaboub du MSP) avaient accordé 1 000 licences. Benyounès considère que la consommation d’alcool est une réalité qu’il ne faut pas occulter. Au contraire. Il faut organiser sa vente pour éviter des dérapages. Selon lui, l’Algérie est le premier producteur d’alcool au Maghreb. Commentant la dernière sortie de Madani Mazreg, Amara Benyounès appelle à une mobilisation pour contrer toute tentative du retour en politique de ceux qui ont été impliqués dans la décennie noire. Pour lui, Madani Mazreg ne pourra pas faire de la politique. « Ce ne sont pas les autorités qui vont l’empêcher mais plutôt le peuple », a-t-il soutenu, affirmant qu’il est convaincu que les Algériens sont suffisamment vaccinés contre l’obscurantisme islamiste.
Rafik Meddour