Le Premier ministre ne s’est pas prononcé sur les dossiers du moment : où est passé Sellal ?
Le Premier ministre a disparu des écrans radar. Sur tous les fronts depuis sa désignation en remplacement d’Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal comble le vide laissé par le président Bouteflika depuis sa maladie. Son éclipse intervient au moment où la scène politique nationale foisonne d’événements qui nourrissent des débats houleux. L’arrestation des généraux Hassan et Benhadid et les changements, aussi nombreux qu’inattendus, opérés au sein de l’armée et des services de sécurité, semblent avoir fait de l’ombre à un Premier ministre qui a sillonné le pays d’est en ouest et du nord au sud deux fois de suite et qui a continué, jusqu’à une date récente, d’occuper le terrain et de multiplier les rencontres et les déclarations. Abdelmalek Sellal a été particulièrement actif depuis la chute brutale des cours du pétrole et les craintes que cette crise pétrolière suscite dans le pays. Il est vrai, cependant, que les dernières décisions qui ont été prises par le pouvoir dépassent les prérogatives du Premier ministre. Les affaires Hassan et Benhadid ont été «actionnées» par le ministère de la Défense nationale, tandis que les remaniements intervenus au sein de l’ANP et du DRS relèvent des attributions directes du président de la République, ministre de la Défense nationale et chef suprême des forces armées. Aucun membre du gouvernement n’a commenté les décisions de Bouteflika. Encore moins le Premier ministre qu’on n’a plus entendu parler ou vu depuis la table ronde sur les défis de l’économie nationale, organisée par le Conseil national économique et social (Cnes) le 20 septembre dernier et la réunion du gouvernement avec les walis, tenue fin août. L’absence d’Abdelmalek Sellal est occultée, à son tour, par l’omniprésence du ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, qui occupe les devants de la scène et polarise l’intérêt des médias depuis ses attaques frontales contre Issad Rebrab, qu’il a accusé de s'adonner à des pratiques frauduleuses et de privilégier ses clients français au détriment de ses concitoyens. Le Premier ministre est resté en retrait par rapport à cette confrontation entre le patron de Cevital et son ministre. Une confrontation qui se corse sans que le chef de l’Exécutif se prononce sur ce dossier chaud. Où est donc passé Abdelmalek Sellal jusque-là réputé pour son ubiquité et sa volubilité ?
M. Aït Amara