Séminaire sur le tourisme et l’urbanisme et la ville à Constantine
Alors que les événements culturels de Constantine suivent leur train par diverses manifestations, dont le Salon du livre récemment ouvert, il s'est tenu, au début de ce mois, à l'université de Constantine, un séminaire intitulé «Tourisme, urbanisme et ville en perspective». Ce séminaire a été organisé par le laboratoire de recherche Lautes (université de Constantine) : «De l'architecture à l'urbanisme, technique, espace et société» avec le soutien de l'Ordre des architectes et la fondation Heins Seidal. Il faut signaler que ce séminaire a été initié et organisé par Mme Samia Benabbas- Kaghouche, professeure à l'université des frères Mentouri de Constantine et directrice du laboratoire Lautes, principal chef d'orchestre scientifique et organisationnel, et conceptrice du contenu du programme, de la problématique de la rencontre et surtout du tissage de l'intitulé du débat. Un hommage lui a été rendu par les participants en lui suggérant de renouveler ce genre de rencontre. Lors de sa communication solidement construite, Mme Samia Benabbas-Kaghouche a commencé par situer le contexte international du tourisme et la place de l'Algérie par une approche comparée. Elle a détaillé ensuite la mise en œuvre du tourisme par le biais du culturel, en évaluant de façon courageuse et objective l'avenir du tourisme à Constantine dans une approche prospective, sur ce qu'il faut faire, et quels enseignements tirer des expériences de nos voisins maghrébins dont leur politique touristique pose certains problèmes et des conflits, car «leur approche est une lame à double tranchant». C'est ainsi que nos amis tunisiens et marocains, à partir de leurs expériences, ont pris le relais pour nous alerter de ce qu'il ne convenait pas de faire, comme l'ouverture totale qui permet des spéculations sur le foncier, l'immobilier et la perte de contrôle du produit touristique. M. Pierre Merlin, professeur à la Sorbonne, nous apprend que les potentialités des pays du Maghreb en matière de tourisme sont immenses. Elles sont actuellement partiellement développées au Maroc et en Tunisie, presque pas en Algérie. Mais il convient de mettre en garde contre une politique du «tout tourisme». Celle-ci, à côté des avantages qu'elle procurerait sur le plan économique, présente en effet de multiples risques en matière sociale, culturelle, patrimoniale, environnementale et territoriale. Mais le risque le plus important est la fragilité de cette activité aux vicissitudes politiques et à des événements imprévisibles, «tels que les attentats terroristes». Le tourisme est une activité économique dépendante de plusieurs secteurs et d'une série d'infrastructures qui conditionnent son succès : identité des territoires et paysagères, richesse des patrimoines, accessibilité, fluidité de mobilités et moyens de transport adaptés, infrastructures et équipements adaptés à la demande, capacités et qualification des hébergements, avec un marketing approprié aux produits touristiques et ses annexes.
Les axes du séminaire :
– le tourisme comme moteur de développement créateur de richesses ;
– l'urbanisme comme mesures préalables du développement touristique ;
– la ville réceptacle de l'architecture et l'activité touristique ;
– le rôle du tourisme dans le développement.
Dans l'auditorium de l'université étaient présents, en plus des intervenants au nombre d'une trentaine, quelques responsables d'organismes locaux, des étudiants, des étudiants doctorants, des représentants de la société civile, des professeurs ainsi que des personnes intéressées par les thèmes programmés. Des représentants de bureaux d'études, des agences de voyages et des maisons d'édition étaient également présents. Nos amis marocains et tunisiens nous ont fait l'honneur d'assister à cette manifestation et chaque intervenant a exposé les expériences faites au Maroc et en Tunisie sur les thèmes et les axes suggérés. Les échanges, hors séminaire, ont donné lieu à des discussions tardives sur l'avenir du tourisme au Maghreb et de la nécessité de le développer afin que les peuples se rapprochent. Il faut signaler l'intervention de M. Chapoutot, intitulée «Tunis, ville touristique» qui a montré à l'assistance une connaissance approfondie des pays du Maghreb. Personnellement, en plus de l'importante intervention de Mme Samia Benabbas-Kaghouche qui a orienté les débats vers des choses pratiques pour l'avenir du tourisme en Algérie, j'ai été très intéressé par l'apport de nos amis tunisiens et marocains concernant leurs médinas. Quant à l'intervention de Mme Bestandji : «Plaidoyer pour un projet urbain de tourisme pèlerin en Algérie», j'ai été surpris par la qualité de son exposé. Moi qui croyais connaître, j'ai découvert que je ne connaissais rien. Grâce à ce séminaire, où j'ai beaucoup appris, ma vision concernant l'imbrication du tourisme, de l'urbanisme et du patrimoine a totalement changé en découvrant que «tout est en un», c'est-à-dire que tout est lié en matière de développement et du rapport de l'humain avec son milieu et son environnement. Les actes de ce séminaire seront édités par le laboratoire Lautes.
Abderrahmane Zakad