Belabbas : «Le système politique ne peut se départir de l’opacité »
Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratique (RCD), Mohcine Belabbas, appelle à la mobilisation de toutes les forces vives de la nation pour la construction du rapport de force nécessaire à l’avènement d’une transition. Cette transition passe impérativement par l’implication du citoyen. Le président du RCD, qui s’est exprimé au forum de Liberté, considère que les changements opérés ces derniers mois au sein de l’institution militaire ne sont nullement un gage de bonne volonté d’aller vers l’instauration d’un Etat civil. Pour lui, c’est tout simplement la conséquence d’une lutte d’appareils pour la survie du système politique resté inchangé depuis l’indépendance. «La construction d’un Etat civil est antinomique avec l’entretien d’officines, le bâillonnement de l’opposition et la gestion patrimoniale du Trésor public», a-t-il souligné, rappelant la mission fondamentale et unique d’un service de renseignement qui est de «collecter et d’analyser l’information au profit des responsables politiques ayant préalablement reçu un mandat populaire à travers des élections libres et transparentes pour aider à la prise de décisions qui touchent aux intérêts stratégiques du pays et aux questions de sécurité nationale qui englobent la défense du territoire, de la population, des ressources nationales et la préservation des capacités économiques de la nation». Mohcine Belabbas dit ne pas se faire d’illusions. Car, la police politique sert les intérêts de ceux qui gouvernent. «Pourquoi, comment et avec quels référents les dirigeants politiques qui gouvernent par la grâce de la police politique, érigée en instrument privilégié de la répression des libertés, de l’organisation des fraudes électorales, du contrôle de la société et de violations des lois et règlements, vont-ils aujourd’hui se reconvertir aux principes du respect des droits de l’Homme et de la démocratie qu’ils ont niés, bafoués et, trop souvent, souillés», s’est-il demandé. Le président du RCD série ainsi les multiples atteintes aux droits de l’Homme, allant de la liberté d’expression et d’opinion aux arrestations de journalistes, la violation des droits des justiciables et les atteintes à la dignité des prévenus, comme cela s’est vu au M’zab en l’absence de réactions officielles. Pour lui, «le système politique ne peut se départir de l’autoritarisme et de l’opacité qui supposent, entre autres abus, l’aliénation de la justice. Il renseigne aussi sur la fébrilité qui s’est emparée de la caste aux commandes de l’Etat». Mohcine Belabbas ira encore plus loin, en affirmant que «le chef de l’Etat, au lieu de travailler à transcender les conflits, à redonner du sens et de la sérénité à notre vie publique, est aujourd’hui à la manette de tous les conflits et de la perturbation de la vie publique». «C’est au moment où le pays connaît le plus de brouilles, de désaccords, de mésententes et de disputes que l’on nous annonce la constitutionnalisation d’une utopique réconciliation nationale alors qu’il était attendu la constitutionnalisation de la gestion des élections par une instance indépendante pour mettre un terme à l’illégitimité des dirigeants. Un état de fait qui génère toutes les autres dérives», a-t-il poursuivi, décrivant ainsi un pays qui plonge dans l’incertitude. Le président du RCD relève aussi que dans ce brouhaha politique, le gouvernement prépare un plan d’austérité qui aura assurément un impact négatif sur la vie quotidienne des Algériens. Il se réfère aux dernières déclarations du chef de l’Etat, qui a reconnu son échec à construire une économie de production malgré une disponibilité financière massive et continue, quinze années durant. «Mieux, il instruit les pouvoirs publics afin de préparer l’opinion à des mesures d’austérité pour cause de grave crise financière qu’il attribue à une conjoncture mondiale contraignante», a-t-il dénoncé. Ainsi, selon Mohcine Belabbas, après la crise politique, la crise économique et sociale, la crise morale et éthique, les Algériennes et les Algériens doivent faire face à une crise financière que le pouvoir entend juguler par l’austérité menée contre les larges couches de la population qui sont d’ailleurs les plus vulnérables. Il met en garde contre cette politique d’austérité qui «prépare le lit de la récession», laquelle provoquera un recul de l’activité économique, creusera la diminution des recettes publiques, produira une contraction de l’emploi et, mécaniquement, une augmentation du taux de chômage, ce qui menacera à court terme le système des retraites.
Rafik Meddour