La stratégie gagnante de Bachar Al-Assad
Par Mohamed Benallal – Cela fait déjà plus de quatre ans que la Syrie est sous les feux croisés de la première puissance de la planète, ses leudes d’Europe et ses vassaux du Golfe. On nous ressasse les oreilles que Bachar Al-Assad ne serait plus président, partant de gré ou de force. Mais la Syrie résiste, ne capitule pas ; la Syrie a fait échouer le «printemps arabe». Ce printemps arabe élaboré et manigancé par le premier gendarme du monde. La stratégie déployée par les politiciens syriens est intelligente, ils ont su éviter tous les pièges politiques, militaires, médiatiques et stratégiques que les coalisés leur ont préparés. La Syrie a su également prendre la direction du vent pour ne pas attraper le coup de froid. Les actions mises en œuvre par la Syrie pour surmonter les barrières et aspirer à une trêve ont été inspirées de la théorie de «Sun Tzu» : comment gagner les guerres sans combattre.
«Il n'y a que deux puissances au monde, le sabre et l'esprit : à la longue, le sabre est toujours vaincu par l'esprit.» Bonaparte.
Une bonne stratégie repose sur l’information fiable, celle qui chasse les esprits malintentionnés et permet de mieux analyser et prendre acte de la réalité des faits. La Syrie a su et compris dès le début la manigance de ses ennemis. Lors des premières manifestations orchestrées, au début de 2011, une tentative semblable à celle qui a chassé Benali, Moubarak et Kadhafi a été mise en place. Tout en manipulant à forte dose l’opinion interne et externe. Les médias vassaux nous ont à l’époque matraqués pour mieux nous raconter la saga des manifestations de gentils et beaux Syriens, très pantouflards, réprimées dans le sang par un Bachar Al-Assad dictateur, assassin et autres qualificatifs. L’objectif du maître du monde était de renverser le pouvoir, casser l’Etat, détruire l’armée, diviser le pays… pour diverses raisons consignées dans les annales du grand Israël. La carte des Frères musulmans syriens était un joker détenu par la CIA. Les manifestations ont débuté en février2011 après le «printemps arabe» réussi en Tunisie, en Libye et en Egypte. Bachar savait pertinemment que c’était une machination, sinon une conjuration, bien orchestrée contre sa personne, son régime, son Etat, son gouvernement, son armée et son système. Le «printemps non arabe» sinon chiite au Bahreïn et au Yémen ne fait pas partie de l’agenda américain et point de scoop médiatique ! Ce faisant, le pouvoir syrien sachant l’origine du mal essaye de s’ancrer fortement auprès de toutes les ethnies et tribus, il a été aidé aussi par les fatwas lancées par les islamistes contre les chrétiens, les Druzes, les alaouites… Ces derniers ont vivement aidé Bachar Al-Assad pour renforcer solidement et profondément son soutien populaire, sinon, pourquoi il est toujours à la tête du pays ? Il y avait uniquement la télévision syrienne qui nous envoyait au début des images de manifestations gigantesques pro-Bachar Al-Assad, dépassant celle des révolutions colorées, mais l’embargo visuel et satellitaire a été décrété et la télévision issue syrienne est quasiment de diffusion.
La «réalité» se manifestait à travers Al-Jazeera et Al-Arabiya. La fin du règne de Bachar était déjà inscrite dans les agendas d’Obama, Hollande, Cameron, Erdogan et des laquais arabosionistes, et chacun chantait son refrain. Aujourd’hui, Al-Assad «fait partie tout de même de la solution».
«Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots.» Citation.
Depuis 2011, Bachar Al Assad n'a à juste titre, fait aucune concession, ni aux Occidentaux, ni aux arabosionistes, ni aux terroristes. Cela ne l'a pas empêché de trouver des terrains d'entente avec tous ceux qui, en Syrie et ailleurs. Une stratégie d’échec très intelligente semblable à un jeu d’échecs est mise en œuvre, la Russie et l’Iran concepteurs de ce formidable jeu d’esprit. L’Iran est une pièce maîtresse dans la région qui, doucement mais sûrement, arrive au but fixé par la finesse du fou, la patience de la tour, la souplesse du pion, le trot du cheval et le charme de la dame, pour mettre en échec le roi d’en face. Ces alliances sont nécessaires pour ce jeu d’échecs et mieux vaut avoir Poutine comme soutien que les Occidentaux. Pour mieux vous en convaincre, regardez le sort réservé à leurs vassaux comme Ben Ali, Moubarak… Sissi semble avoir très bien appris la leçon en recevant au Caire Poutine pour une éventuelle protection, fidèle, solide et véritable.
«Le cœur d'un homme d’État doit être dans sa tête.» Citation.
La Syrie n’avait pas suffisamment de moyens pour faire face à plus d’une centaine de pays coalisés et enragés. Ses troupes sont limitées et ne peuvent ratisser tout le territoire, encore moins surveiller les quatre très longues frontières, alors, elle fait des économies en évitant les combats classiques et jouant très bien en compagnie du Hezbollah la contre-guérilla porteuse de résultats tangibles. Le résultat est probant, nous avions bien constaté que les forces de Bachar ont anéanti l'Armée syrienne libre, Nosra et Daech dans plusieurs localités. Daech arrive à tenir en s'appuyant sur le ressentiment antichiite et anti-ethnie des populations avec une capacité réelle à bien gérer les territoires conquis. Les frappes des coalisés sont des leurres, la preuve, les munitions et armements ont été largués par les avions coalisés au profit de Daech.
Bachar Al-Assad contrôle, lui aussi, l'information
L’Occident n'a plus le monopole de l’intoxication. Bachar Al-Assad a majestueusement désinformé l’opinion mondiale en faisant passer l'idée que «la guerre ne pouvait être gagnée par personne». Al-Assad n’a jamais crié au triomphe et n’a jamais mis en évidence sa gloire. Il est sorti victorieux de ce long faux «printemps arabe», l’Occident promoteur voulait à tout prix lui faire changer de position politique vis-à-vis d’Israël, c’étaient l’axiome et le théorème que les sionistes et les impérialistes voulaient faire accoucher du centre de Damas. L’Occident s’en foutait éperdument du système syrien qu’il soit démocratique ou autocratique, la position politique pro-israélienne était l’essence même de cette machination. La Syrie est restée intraitable et sa position inchangée malgré l’immensité des dégâts matériels et humains ; certes, les guerres ont été toujours horribles. Aujourd’hui et pour l’histoire, Bachar Al-Assad donne une véritable leçon de stratégie en géopolitique. Le nouveau Yalta naîtra de Damas. La guerre syrienne comme toute guerre aura un gagnant et un perdant, les gagnants seront ceux qui ont su avoir une bonne stratégie de guerre, une vision de l'avenir, tenir, rassembler et nouer des alliances. Une minorité de personnes, d’organes, d’institutions… donnait un pronostic favorable à la survie de Bachar Al-Assad et de la Syrie. Toutes les conceptions, les analyses, les théories élaborées dans les grands labos de stratégie ne pouvaient arriver à ce résultat de Sun-Tzu que Bachar avait mis en œuvre. L’Arabie Saoudite mène sa guerre génocidaire perdue au Yémen, le trône wahhabite construit sur des barils dont la valeur s’amenuise de jour en jour et les dépenses sous l’ordonnateur américain augmentent d’heure en heure. Cependant, les événements en Syrie évoluent. Ainsi, il semble que tous les Etats qui soutenaient l'Etat Islamique ont cessé de le faire publiquement, ouvrant probablement la voie à une nouvelle redistribution des cartes, Washington et Téhéran ont conclu un accord global malgré la résistance israélienne, wahhabite et de bien d’autres larbins. Les Etats-Unis renoueront tôt ou tard le contact avec la Syrie, suivis de près par les Etats européens sous l’effet de la carte gagnante de la Russie. On découvrira enfin que le président Bachar Al-Assad n'est ni un dictateur ni un tortionnaire, mais un président légitime. Dès lors, la guerre contre la Syrie touchera à sa fin, tandis que les principales forces djihadistes seront éliminées par une nouvelle véritable coalition internationale menée par la Russie.
«Le sage voit son devoir. Le vulgaire voit son intérêt.» Citation.
La France disait avant qu’elle était «prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents». Sans compter que se réactive un argumentaire néocolonialiste et impérialiste que les laquais adorent : «Nous, grande civilisation occidentale, sommes dépositaires des vrais principes moraux… Nous voilà revenus au XIXe siècle. Au nom de la démocratie, on envoie les canonnières. Nous sommes au-dessus de la Charte. Nous sommes le bien absolu.» On retrouve malheureusement la rhétorique tant décriée par la «presstituée» de la «noble mission civilisatrice», mais sous une forme sioniste et impérialiste. La crise syrienne a été créée de toutes pièces par un Occident arrogant sûr de lui et dominateur qui pensait la régler facilement à la libyenne. Ce ne fut pas une randonnée de plaisir, le peuple syrien est en train de payer pour un conflit qui le dépasse. Al-Assad restera une légende et le monde occidental n’a pas su découvrir en lui le bien tandis que les sionistes et les impérialistes voulaient semer le mal. L’axe du bien est bien celui de la Russie-Brics- résistance (Syrie, Irak, Liban, Yémen…).
M. B.
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