Lamamra : «La Colombie s’est inspirée de l’expérience algérienne dans l’accord avec les FARC»
Dans un entretien accordé à la Télévision officielle, diffusé ce dimanche soir, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a longuement évoqué les questions d’actualité aux niveaux régional et international. Passant en revue l’accord de partenariat Algérie-Union européenne, le chef de la diplomatie algérienne s’est montré particulièrement sceptique sur les conditions de son application, estimant que l’Europe «doit prouver qu’elle contribue au développement des pays du Sud». Usant d’un langage diplomatique pour évaluer ce partenariat, il explique : «L’Europe pourrait reprocher à l’Algérie des défaillances, mais du côté algérien, nous considérons que les facilitations mises en place par l’Algérie ont donné lieu à un monopole plutôt favorable à l’Union européenne.» S’agissant de la situation régionale marquée par la persistance des turbulences dans certains pays du Sahel et en Libye, Ramtane Lamamra a réaffirmé la position traditionnelle de l’Algérie, en insistant sur le fait que notre pays prône «le bon voisinage positif» qui consiste à ne pas rester passif face à ce qui se passe dans les pays voisins, tout en évitant l’ingérence dans les affaires internes de ces pays. L’Algérie s’y est à maintes reprises refusée, malgré toutes les sollicitations de certaines parties et de puissances étrangères pour intervenir, notamment au Mali pour traquer les groupes armés. Dans le même chapitre africain, le ministre des Affaires étrangères a mis l’accent sur les efforts déployés par l’Algérie pour permettre aux pays du continent africain d’exploiter leurs richesses «de façon indépendante». Ce qui n’est pas toujours le cas, notamment au Sahara Occidental, dont les ressources naturelles, notamment minières et halieutiques, sont spoliées par des forces occupantes marocaines. Mais aussi en Libye où certains terminaux pétroliers sont aux mains de milices armées qui les exploitent illégalement. Lamamra plaidera pour une présence africaine au Conseil de sécurité, tout en jugeant qu’une réforme de cette haute instance des Nations unies est aujourd’hui «nécessaire». Pour le chef de la diplomatie algérienne, «la communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent peser de tout leur poids pour résoudre la question palestinienne». Répondant à une question sur la montée de l’extrémisme islamiste en Occident, Lamamra l’explique par «la marginalisation des jeunes issus de l’immigration». Se félicitant de la signature, le 24 septembre dernier, d’un accord de paix à Bogota, entre le gouvernement colombien et les insurgés des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), le ministre des Affaires étrangères a révélé que la Colombie s’est inspirée de l’expérience algérienne et de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée en 2005.
R. Mahmoudi