Le temps des oukases
Par R. Mahmoudi – La fébrilité qui s’est subitement emparée du gouvernement, et du pouvoir en général, avec les réactions violentes qu’il enchaîne depuis quelques jours contre des voix opposantes et des médias indésirables, est-elle le début de l’application d’une nouvelle stratégie de domestication politique de la société établie pour le long terme ? Ce durcissement, plutôt maladroit et anachronique, ne peut que produire l’effet contraire. D’abord, le pouvoir ne peut pas réussir la transition – en fait, la succession – par l’emportement et l’exclusion, au risque de se discréditer, même aux yeux de la communauté internationale et notamment de nos principaux partenaires occidentaux. Il faut dire que les arrestations abusives et scandaleuses, les atteintes flagrantes à la liberté d’expression et d’organisation cumulées ces dernières semaines, ont renvoyé de l’Algérie l’image d’une république bananière, au moment où notre pays assume des rôles de premier plan sur la scène régionale. Les décideurs ont certainement aussi mal choisi le moment pour se lancer à l’assaut de leurs opposants, exit Madani Mezrag, à quelques semaines du lancement du projet de la révision de la Constitution. Une échéance qui requiert plutôt un climat assaini et le consensus politique et populaire le plus élargi possible. Mais, apparemment, le pouvoir veut tout organiser en vase clos et avec des alliances aussi factices qu’improbables. A quoi servent d’ailleurs des partis qui, même majoritaires dans les assemblées, sont plus que jamais coupés des réalités du pays qui a connu de profondes mutations ? Incapables de façonner aujourd’hui l’opinion publique et d’avoir une mainmise totale sur la société, l’ex-parti unique et ses ersatz ne peuvent plus avoir d’autre fonction que celle de servir de relais dans des élections rarement nettes.
R. M.
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