Eclairages
Par Houari Achouri – L’interview de l'ambassadeur de Russie que nous publions est instructive à plus d’un titre. Elle fournit directement au lecteur un éclairage des plus vifs sur ce qui passe pour être une «émergence», voire pour certains une irruption, dans le champ de bataille qui oppose ce pays au camp occidental dirigé par l’Otan et qui a pour principal terrain d’opérations actuellement la Syrie. D’abord, la Russie demeure dans une position de respect de la souveraineté nationale des pays qu’elle aide de cette façon, c'est-à-dire par une intervention militaire. Elle le fait en Syrie à la demande des autorités reconnues, rappelle l’ambassadeur, donc en conformité avec le droit international, ce qui n’est pas le cas pour la coalition occidentale, comme il le fait justement remarquer. Et s’il faut frapper Daech en Irak, ce sera, ajoute-t-il, si ce pays le demande. L’ambassadeur apporte un autre éclairage à la position de la Russie concernant Kadhafi et ce qui s’est passé en Libye en 2011, avec en filigrane une sorte de critique à l’égard du leader libyen qui aurait mal choisi ses alliés. Il laisse entendre que des relations plus solides avec la Russie, fondées sur un accord d’entraide militaire, auraient peut-être sauvé Kadhafi de l’assassinat et la Libye de la situation chaotique qu’elle traverse. Cela dit, l’ambassadeur réfute la thèse selon laquelle son pays soutiendrait aveuglément des dirigeants qui passent pour être des dictateurs. Il rejette en même temps la version du «complot occidental» en évoquant les raisons objectives des bouleversements intervenus dans le monde arabe. C’est, explique-t-il, «l’immobilisme politique et économique (qui) a produit un élan vers le renouveau». Ce renouveau, selon lui, doit être «négocié» par toutes les parties, car «les réformes pour porter leurs fruits doivent être entreprises de façon non violente». A ce propos, il met implicitement la crise de réfugiés au compte de la «politique de courte vue irresponsable» adoptée par les pays occidentaux sur la scène internationale. Ces derniers se défendent par une guerre de propagande menée par certains médias ou certains responsables dans d’autres pays, évidente dans le cas des frappes contre Daech. Mais sur ce terrain aussi, celui de la communication, les pays occidentaux ne sont plus les seuls à agir.
H. A.
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