Désobéissez !
Par M. Aït Amara – L’article du directeur du Monde Diplomatique,Serge Halimi, résonne comme un cri de rage qu’il pousse à la face des empereurs des temps modernes. Des journalistes des grands médias occidentaux commencent à en avoir ras-le-bol d’être les retransmetteurs des mensonges d’Etat. Depuis longtemps, une poignée de richissimes hommes d’affaires, faiseurs de présidents et intrôniseurs de rois, ont décidé de réduire les médias au rôle de manipulateurs de l’opinion publique des puissances industrielles comme du tiers-monde. Ils inventent des conflits pour faire tourner leurs usines d’armements ; des maladies fictives et des épidémies imaginaires pour fourguer aux gouvernements des placebos contre des dollars sonnants et trébuchants ; des crises économiques et financières pour étouffer les Etats et provoquer des guerres civiles et des changements de régime violents ; des famines pour jouer aux mécènes et exhiber leurs actions caritatives à but «non» lucratif. L’article du mensuel français est un signe que les journalistes accepteront de moins en moins de déformer l’information au gré des intérêts matériels de ceux qui les emploient. Cela rappelle – toute proportion gardée, bien que nous ne soyons pas loin de ce triste épisode de l’histoire récente de l’humanité – la révolte des esclaves qui ont bien fini, un jour, par casser les entraves en bois et les colliers scellés en cuivre pour s’affranchir de leurs maîtres immondes et cupides. Les grands médias occidentaux ont, depuis longtemps, dévié de la noble mission qui est la leur. Ils se sont mis, avec le temps, au service d’une minorité de mercantiles qui détient la majeure partie des richesses de ce monde, fructifiée à l’aide des guerres qu’ils font faire aux autres et à l’autoritarisme des gouvernements illégitimes qu’ils installent là où existent d’immenses ressources naturelles. Le peu de journalistes qui osent dénoncer cette seigneurie sont excommuniés et leur voix cesse de porter dès lors que les portes des chaînes de télévision, des rédactions et des grandes maisons d’édition leur sont fermées. Va-t-on assister à un sursaut d’orgueil de ces milliers de journalistes qui, au sein de ce système de désinformation mondialisé, procèdent tous les jours, toutes les heures et toutes les minutes à un lavage de cerveau qui voudrait que nous croyions à la justesse des interventions barbares de l’Otan dans notre région du Sud pour nous débarrasser de ses propres marionnettes ? Les journalistes finiront-ils par se libérer eux-mêmes du diktat de ces magnats de l’intox et de la mythomanie ? Oseront-ils avouer, enfin, qu’ils ne nous disent pas la vérité, mais qu’ils récitent les sentences des propriétaires des organes pour lesquels ils travaillent et grâce auxquels ils acquièrent argent et notoriété ? N’est-il pas temps pour ces journalistes de briser ces chaînes qui les privent de leur dignité et de sacrifier leur confort relatif pour une liberté sans prix ?
M. A.-A.
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