Ecran de fumée
Par R. Mahmoudi – Comme pour se redonner une autorité après le scandale de l’aéroport d’Orly, le ministre de la Communication annonce avoir un plan d’urgence pour les chaînes de télévision privées, qu’il divulguera – affirme-t-il – dans les prochains jours. Toutefois, il ne dit pas si les mesures qui sont, selon lui, aujourd’hui à l’étude seraient à la faveur ou à la défaveur de ces médias, préférant garder le suspense, alors qu’on attendait plutôt de lui, à la veille de cette Journée nationale de la presse, un visage nouveau, des gestes symboliques de réconciliation avec le monde des médias. «Nous sommes en train d'étudier le sort des chaînes de télévision privées activant en Algérie et il y aura du nouveau à ce sujet dans les prochains jours», s’est-il contenté de déclarer, sur un ton un tantinet menaçant, mais sans aucun signe ni aucun mot suggestif. Cela dit, à voir l’état d’esprit dans lequel évolue le pouvoir en général depuis quelque temps – bien résumé par Ahmed Ouyahia –, on peut facilement deviner la teneur des mesures qui attendent la quarantaine de chaînes concernées et imaginer même la suite. Il faut donc lire l’annonce de Hamid Grine comme une intimidation, parce que, si réellement il avait sur ses tablettes la moindre esquisse d’un plan d’organisation et de réglementation, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel l’aurait appliqué il y a longtemps. Preuve que cette instance n’a aucune vision d’avenir, c’est qu’elle ne fait, depuis sa création, que réagir au coup par coup et, d’ailleurs, instinctivement, au lieu de proposer une charte de déontologie digne de ce nom et, avant tout, de réfléchir au statut de ces médias qui, parfois, abusent de leur situation. C’est ce qui a poussé une chaîne comme Al-Wantan TV à se permettre de faire cette fameuse interview avec l’ex-chef de l’AIS, et d’autres encore à offrir gracieusement des tribunes à des extrémistes dangereux comme Abdelfattah Hamadache. Alors que, en réalité, les seules chaînes interdites jusqu’ici, la chaîne islamiste Al-Wantan TV et Al-Atlas, ne l’ont pas été pour diffusion de quelconques messages subversifs, mais pour des propos jugés diffamatoires envers le pouvoir ou ses symboles.
R. M.
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